L’Afest : une réponse sur mesure aux besoins de formation



La loi "Avenir professionnel" de 2018 a inscrit l’Action de formation en situation de travail (Afest) comme une modalité à part entière de formation. Depuis, certaines entreprises se sont saisies de cette opportunité, accompagnées par leurs Opérateurs de compétences (Opco), pour former leurs salariés. C’est pour donner à voir cet état d’acculturation et partager les bonnes pratiques, que la Région Pays de la Loire et l’Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail (Aract) ont organisé une deuxième matinale dédiée à ce sujet le 8 décembre 2021.

afest

   

En octobre 2019, la Région Pays de la Loire et l’Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail (Aract) organisaient une première matinale sur l’Afest. L’objectif était, à l’époque d’informer sur cette nouvelle modalité de formation. Deux ans après, en décembre 2021, l’heure est aux retours d’expériences et à l’analyse des perspectives à venir. 

 

L’Afest : modalité alternative dans un contexte contraint

Le témoignage de six entreprises de tous secteurs confondus (bâtiment, industrie, commerce, services aux entreprises et à la personne) à cette matinale montre que cette modalité de formation peut constituer une réponse adaptée aux besoins de certaines d’entre elles.  
Le manque de main-d’œuvre disponible, la difficulté à recruter et/ou l’absence de formation adaptée aux métiers spécifiques de l’entreprise sont autant d’arguments qui ont amené ces entreprises à préférer l’Action de formation en situation de travail (Afest) à d’autres modalités de formation. 

En interne, elles disposaient en effet toutes d’un personnel compétent, maîtrisant les métiers de l’entreprise, mais parfois vieillissant. Un transfert de compétences était donc nécessaire pour assurer la pérennité de l’activité. Il s’agissait pour cela d’identifier, d’intéresser et de former ceux qui deviendraient les futurs tuteurs des apprenants (professionnalisation des nouvelles recrues ou montée en compétences de personnels). Pour former les tuteurs, concevoir de l’action de formation et en assurer l’organisation, elles ont fait appel à des intervenants externes (organismes de formation, Opco). Le cas de ASM est, à ce titre, original, car l’entreprise s’est associée à d’autres œuvrant dans le même domaine pour mutualiser cette dynamique de formation en créant la Mold academy.

 

Le tuteur : un pédagogue formé à la réflexivité

Toutes les entreprises présentes soulignent le rôle central du tuteur : un professionnel pédagogue, qui doit être formé à la réflexivité. Le tuteur connaît l’entreprise, maîtrise les techniques professionnelles ("l’intelligence du geste") et a envie de transmettre ses connaissances. Mais il doit aussi apprendre à analyser sa pratique, à accueillir la parole de l’apprenant et à autoriser l’erreur pour pouvoir lui permettre de l’analyser. 

 

Concevoir l’erreur comme une étape de l’apprentissage

Dans un contexte de production continue, et c’est le cas particulièrement dans le cadre de l’Afest, chacune des entreprises a trouvé les moyens d’autoriser l’erreur de l’apprenant (rappel de ce droit dans le protocole individuel de formation, apprentissage en dehors des environnements dangereux, information du client final, suivi des lignes de production pour identifier les erreurs et pouvoir les analyser…). Lors d'une Afest, l’erreur est acceptable si on donne les moyens à l’apprenant de l’analyser et d’agir ensuite en conscience de ses erreurs passées.

Pour Emmanuelle Begon, cofondatrice de la Maison de la formation en situation de travail (Mafest), l’Afest a la particularité d’être une démarche coconstruite et réflexive, engageant toutes les parties prenantes (l’entrepreneur, le tuteur et l’apprenant). Elle constitue une modalité pédagogique sans injonctions normées qui décloisonne l’organisation du travail et valorise le collectif. D’un point de vue stratégique, l’Afest permet d’adapter les métiers de l’entreprise aux enjeux de compétitivité et de gagner en performance tout en maintenant l’emploi.

 

Du côté des Opco, un démarrage freiné par la crise sanitaire

Dans cette dynamique, les Opérateurs de compétences (Opco) ont toute leur place : pour diagnostiquer les besoins de l’entreprise, analyser la faisabilité d’une Afest et l’accompagner dans la démarche. Après une première phase de professionnalisation des conseillers, les Opco ont construit leur offre de services et déployé des ressources (actions de sensibilisation, outils de pré-diagnostic…) à destination des entreprises.   Même si la crise sanitaire a freiné l’élan initial, la modalité de formation Afest monte progressivement en puissance et les Opco sont désormais en mesure de répondre positivement aux sollicitations des entreprises.

 
Soutien de la Région Pays de la Loire

Dans le cadre de sa “mobilisation pour l’emploi”, la Région des Pays de la Loire encourage cette démarche  d'Afest  : mobilisation des organismes de formation, recensement de l’offre de formation et des solutions de financement et convention avec les Opco pour la prise en charge des coûts pédagogiques de la formation tutorale.

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Cariforef des Pays de la Loire, décembre 2021