En septembre 2018, la réforme de la formation professionnelle a, pour la première fois, officiellement ouvert la porte de la formation dans le cadre du travail. C’est pour mieux comprendre cette modalité que, le 10 octobre 2019, la Région des Pays de la Loire a organisé une matinée.
Le 10 octobre 2019, la Région des Pays de la Loire, accompagnée de la Préfecture de région et de l’Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail (Aract) conviait les acteurs de l’Emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle (Efop) à une première matinée régionale consacrée aux Actions de formation en situation de travail (Afest). Lors de cette matinée riche en enseignements, les participants ont pu mieux appréhender cette nouvelle modalité de formation.
Formation sur le tas, tutorat, formation interne, formation par la simulation des situations de travail… Toutes ces pratiques d’apprentissage s’opèrent, depuis longtemps et de façon plus ou moins formalisée, dans un contexte de travail ou autour de l’action du travail.
Parallèlement, on constate que nombre de salariés acquièrent des compétences en situation de travail.
Pour autant, le législateur avait pris soin, jusque-là, de séparer actions de formation et environnement de travail.
La loi du 5 septembre 2018 "pour la liberté de choisir son avenir professionnel" introduit pour la première fois cette possibilité. Dans son article 4, elle définit ainsi l’action de formation "comme un parcours pédagogique permettant d’atteindre un objectif professionnel" et autorise sa réalisation "en situation de travail".
Le décret 2018-1342 du 28 décembre 2018, "relatif aux actions de formation et aux modalités de conventionnement des actions de développement des compétences", détaille le processus de l’Action de formation en situation de travail (Afest). Cette dernière comporte 4 étapes :
Pour Laurent Duclos, chef de projet ingénierie de parcours et stratégie d’accompagnement à la DGEFP, cette nouvelle disposition marque "la fin de la défiance" entre le monde de l’entreprise et celui de la formation. L’Afest constitue désormais une modalité de formation à part entière.
Avec ces nouvelles dispositions, on reconnaît que si l’activité de travail n’est pas en elle-même formatrice, elle peut apporter un contexte qui, préparé, analysé, accompagné, et évalué permet l’acquisition de compétences visées.
La frontière entre le monde de l’entreprise et celui de la formation devient plus flou. Pour autant, pour Xavier Blay, du Cafoc, tout l’enjeu consiste à ce que ce "floutage" soit "maîtrisé".
Dans cette situation, le panel de la multimodalité des formations est élargi. Le lieu de travail devient un lieu de formation en tant que tel.
L’innovation est par là même encouragée par le cadre législatif souple de l’Afest et par le fait que cette modalité peut constituer tout ou partie d’un parcours de formation, possiblement hybride.
En mettant "l’emploi au service de la formation", l’Afest permet que "la formation se mette au service de l’emploi".
Parce qu’elle a lieu dans l’entreprise, la formation devient plus accessible : pour les personnes en poste mais éloignées de l’appareil de formation, pour les demandeurs d’emploi, moyennant un parcours d’intégration, mais également pour les entreprises (et particulièrement pour les petites et moyennes entreprises) qui ainsi, réduisent l’indisponibilité du salarié et peuvent continuer à fonctionner pendant l’action de formation.
Pour l’entreprise comme pour le salarié formé, cette démarche améliore la qualité de vie au travail. En effet, le recul que cette pratique de formation induit par l’analyse des actions de travail, contribue à leur donner du sens, mais également à renforcer le dialogue professionnel entre le salarié, l’encadrement de formation et l’entreprise.
Pour aller plus loin
Effets directs de l’Afest
Effets indirects de l’Afest
Cariforef des Pays de la Loire, octobre 2019