Orientation et transition écologique : les réponses des professionnels

Quelle est la place de la transition écologique dans votre travail ? Et quels sont vos besoins pour aborder ce sujet avec vos publics ? André Chauvet présente les résultats de l’enquête menée avec le Cariforef auprès des acteurs de l’orientation et de l’évolution professionnelle.

La transition écologique interroge l’accompagnement des personnes dans leurs projets d’évolution professionnelle. Comment concilier choix individuels et besoins du monde ? Est-ce que cette question se pose explicitement, et comment ? Si on a beaucoup étudié les métiers dits « verts » et les emplois de la transition écologique, peu de travaux s’intéressent aux impacts de la dimension écologique sur les choix de carrière, et encore moins aux pratiques et aux besoins des professionnels qui les accompagnent.

Un questionnaire initié par le Cariforef des Pays de la Loire et André Chauvet en janvier 2024 a été conçu dans le but d’éclairer ces questions. Près de 300 professionnels ont répondu, dont la moitié en Pays de la Loire. La majorité d’entre eux accompagne des demandeurs d’emploi et des salariés, suivis par ceux travaillant auprès des collégiens, lycéens et étudiants.

Une préoccupation modérée dans les choix d’orientation

Est-ce que les personnes accompagnées expriment une préoccupation sur les questions écologiques ? D’après la moitié des professionnels, les personnes l’évoquent « parfois ». 20 % accompagnent des personnes qui l’expriment souvent, et 20 % n’entendent jamais ce sujet.

Est-ce que les personnes accompagnées expriment des préoccupations sur leur choix de métier ou d’employeur, voire le désir d’aller vers un métier ou un employeur au service de la transition écologique ? Les réponses sont nuancées de manière similaire. 

43 % des professionnels déclarent avoir accompagné des personnes qui expriment parfois le refus d’un métier ou d’un emploi à cause de son impact négatif sur l’environnement, tandis que 40 % n’ont jamais rencontré ce cas. Des différences se manifestent selon la situation et les priorités du public accompagné, notamment en termes d’urgence d’accès à un emploi. 

Une conscience présente chez les professionnels

Alors que la question précédente renvoie à une attention aux préoccupations des personnes, il s’agit ici de questionner la prise en compte de cette dimension dans son travail. Pour la moitié des professionnels, participer à la transition écologique à travers leur activité est « très important ou essentiel ». Pour l’autre moitié, c’est « important ». Moins de 1 % juge ce sujet « pas important ». D’ailleurs, la moitié des professionnels sensibilise parfois à la transition écologique de leur propre initiative.

Néanmoins, les remarques des professionnels font ressortir un frein récurrent : la question de la neutralité dans l’accompagnement. Un professionnel illustre bien ce dilemme : « Le sujet est un sujet de société et nous sommes tous concernés et responsables. Je me dois de rester neutre pour notamment ne pas biaiser l’orientation, donc j’ai plutôt tendance à ne pas amener de facto le sujet mais plutôt d’en échanger si la personne se pose des questions ou y est sensible…« 

Des professionnels qui ne se sentent pas outillés

Si on note une diversité des réponses sur la demande des publics, une question fait consensus : les professionnels ne se sentent pas outillés pour aborder les questions liées à la transition écologique. 51 % ne le sont « pas du tout » et 41 % « un peu ». Les besoins concernent principalement des outils de sensibilisation et d’éco-orientation utilisables avec les publics en individuel et en collectif, ainsi que des ressources à diffuser auprès des publics. 

On relève également un besoin majeur d’information sur l’évolution des métiers et des besoins en emploi liés à la transition écologique (exprimé par 80 % des professionnels). C’est aussi que cela renvoie à des champs techniques multiples : verdissement des activités, évolutions technologiques, prise en compte des impacts de son travail sur l’environnement… Les questions écologiques sont plus larges que les seuls enjeux de modifications climatiques et emmènent les professionnels sur des questions scientifiques, techniques, sociétales et philosophiques avec lesquelles ils ne sont pas tous à l’aise ni nécessairement documentés.

On peut donc noter l’importance de mener une réflexion approfondie sur l’outillage des professionnels et de développer des approches pédagogiques de l’accompagnement en lien avec ce thème, respectant le libre arbitre des personnes et l’éthique de nos métiers. Car comment faire des choix éclairés si des données importantes ne sont pas connues et prises en compte ? Vaste et passionnant débat !