05/10/2024

L’accessibilité en formation, c’est possible

Dans le cadre de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, un séminaire était organisé par la Région et l’Agefiph sur le thème de l’accessibilité en formation. Une première marche qui a permis de questionner l’accessibilité des environnements d’apprentissage : rythmes, supports et contenus adaptés, sensibilisation des équipes.

200 référents handicap et directions d’organismes de formation, de CFA et d’instituts de formations sanitaires et sociales se sont réunis mardi 21 novembre dans le cadre du séminaire organisé par la Région et l’Agefiph des Pays de la Loire, avec l’appui du Cafoc de Nantes. Retour sur cette journée où la notion d’accessibilité a pris tout son sens, guidée par de nombreux témoignages, des ateliers et conférences d’experts.

L’accessibilité universelle pour tous, partout

La notion d’accessibilité est définie dans la Convention relative aux droits des personnes handicapées, adoptée par les Nations Unies en 2006 : c’est permettre aux personnes en situation de handicap de vivre de façon indépendante en leur assurant « sur la base de l’égalité avec les autres, l’accès à l’environnement physique, aux transports, à l’information et à la communication, y compris aux systèmes et technologies de l’information et de la communication, et aux autres équipements et services ouverts ou fournis au public ».

La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances a instauré cette obligation en France.

Les enjeux de l’environnement

Pour véritablement comprendre, expliquer et décrire ce que sont les situations de handicap vécues par des personnes qui ont des déficiences, Jean-Yves Le Capitaine, responsable du réseau français sur le Processus de production du handicap (PPH), a expliqué le modèle du PPH : un modèle qui ne considère pas le handicap comme une maladie, mais comme la relation entre des capacités et un environnement social ou physique. « En fonction de l’interaction entre les facteurs personnels et les facteurs environnementaux, les personnes rencontreront plus ou moins de facilités dans la réalisation de leurs habitudes de vie, soit des situations de participation sociale ou des situations de handicap.« 

Favoriser l’accessibilité en formation, c’est donc travailler à la réduction des obstacles dans l’environnement (les préjugés, le manque d’aide ou de ressources, l’absence d’accessibilité de l’école, la difficulté de se procurer de l’information imprimée adaptée).

L’accessibilité des ressources

Concevoir une pédagogie plus inclusive, oui, mais comment faire ? Pour répondre à cette question, Elsa Géroult, qui a mené de nombreux travaux sur l’accessibilité dans l’enseignement supérieur, a donné quelques clés de compréhension sur le fonctionnement du cerveau humain. La conférencière a mis l’accent sur le fait que le cerveau a besoin de répétition pour consolider ses apprentissages. Les neurones traitent plus vite une information déjà apprise plusieurs fois.

Pour toucher le plus grand nombre et permettre à chacun de retenir les objectifs clés de la formation, elle suggère notamment de réduire le nombre de concepts abordés dans les supports pédagogiques.

Des parcours personnalisés

Dans le domaine de la formation, l’accessibilité implique de créer un environnement adapté et prêt à répondre à une variété de besoins. Car il existe différents types de handicap et différents parcours de vie. Bien les comprendre permet de personnaliser les stratégies d’accessibilité.

Pour sensibiliser les référents handicap et les directions d’organismes de formation présents lors du séminaire, six associations (Le Grand Bleu, le CReHPsy, Le labo des herbes folles, Ladapt, Ocens et Le labo de Zao) ont proposé des ateliers pratiques sur l’autisme, les troubles psychiques, le handicap invisible, etc.

Outre le témoignage de structures médico-sociales et d’organismes de formation (IME Jeunesse & Avenir Le Pouliguen, IME Vaurouzé, CFA-CFP Sainte Catherine et URMA 53), les participants ont également pu écouter les témoignages d’anciens apprenants en situation de handicap qui ont partagé avec humour et bienveillance leurs parcours :

  • Alban et Morgane sont malvoyants. Plus jeune, il jouait au ping-pong. « Alors, pourquoi a-t-il besoin d’un ordinateur en classe ? » a demandé l’un de ses professeurs à sa mère. Parce que la déficience visuelle est variable d’un individu à un autre. Aujourd’hui Alban est à la tête de l’entreprise C sensé. Il réalise des audits d’accessibilité pour les établissements recevant du public. Morgane, quant à elle, n’a pas particulièrement choisi son métier d’agent de restauration. Ce qu’elle aime, c’est photographier.
  • Ewen est l’inventeur génial du labo de Zao. Multi-dys, « mauvais élève » et multi-diplômé, il invente des instruments de musique adaptés dans son laboratoire de Saint-Nazaire et mène une cinquantaine d’autres projets autour de la musique et du handicap. La meilleure façon pour lui d’apprendre, c’est couché légèrement sur le côté.

Une réflexion collective et partagée

En fin de journée, les participants ont pu se retrouver en ateliers de travail pour réfléchir collectivement et identifier des solutions opérationnelles à mettre en œuvre dans les organismes de formation : comment s’organiser pour mettre en œuvre la conception universelle des apprentissages ? Comment passer d’une logique de compensation à une logique d’accessibilité ? Comment assurer l’accessibilité des ressources pédagogiques ? Comment organiser la référence handicap dans les organismes de formation en impliquant l’ensemble des acteurs de l’OFA ?

L’accessibilité dans la formation professionnelle n’est pas seulement une obligation légale, c’est agir pour que tous les apprenants, indépendamment de leurs capacités, atteignent leur plein potentiel.

Tous les supports et la restitution des ateliers seront prochainement disponibles sur le site pro.choisirmonmétier.

Cariforef des Pays de la Loire, novembre 2023

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