05/10/2024

Emploi et formation dans les QPV

Les jeunes des Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) rencontrent de fortes difficultés d’accès à l’emploi et à la formation. Deux études récentes, de l’Insee et du Céreq, soulignent un manque de qualification et pointent l’alternance comme levier pour améliorer leur insertion professionnelle. 

Créés par la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine de 2014, les QPV sont des quartiers définis pour être la cible d’actions prioritaires en fonction des difficultés que connaissent les habitants. Ces quartiers se distinguent par un écart de développement économique et social marqué avec le reste des agglomérations dans lesquelles ils sont situés.  

En 2024, la France métropolitaine compte 1 362 QPV, regroupant 8 % de la population. Leur répartition géographique est très hétérogène : certains départements comme les Hautes-Alpes ou la Creuse n’en comptent qu’un seul, tandis que le département du Nord en recense 94. 

Une population plus jeune et moins diplômée 

Les QPV se caractérisent par une population plus jeune que celle de leur environnement urbain. Selon les données de l’Insee, 39 % des habitants ont moins de 25 ans. Cette proportion élevée s’explique par une plus forte présence de familles nombreuses dans ces quartiers. 

Cependant, le taux de scolarisation y est plus faible, avec 60 % des jeunes de 15-24 ans scolarisés, contre 70 % dans les autres zones urbaines. Les sorties précoces du système éducatif sont plus fréquentes, en particulier chez les garçons. L’Insee souligne que « plus d’un quart des jeunes âgés de 16 à 25 ans en QPV ne sont ni en emploi ni en études ». 

Les données issues de l’enquête du Céreq sur la Génération 2017 confirment que les jeunes résidant en QPV connaissent davantage de difficultés scolaires et sont moins diplômés que leurs proches voisins. Avec pour conséquence de freiner leur insertion professionnelle. 

Un accès à l’emploi toujours difficile 

Les jeunes résidant dans les QPV sont confrontés à des difficultés persistantes d’accès à l’emploi. En 2020, le taux de chômage des 15-29 ans dans ces quartiers atteignait 30 %, soit le double de celui observé dans les quartiers environnants.  

Cette différence significative s’explique en partie par le plus faible niveau de diplôme des jeunes des QPV, mais pas uniquement. Le lieu de résidence apparaît comme un facteur limitant. D’après le Céreq, « l’éloignement des opportunités d’emploi, ainsi que l’inadéquation locale entre les compétences ou les qualifications des demandeurs d’emploi originaires de ces quartiers et celles attendues par les entreprises pourraient en effet expliquer une partie de leurs difficultés à accéder à un emploi. Elles pourraient également résulter de pratiques discriminatoires sur le marché du travail, liées à une tendance à la stigmatisation du quartier […]. » 

Les profils professionnels des habitants des QPV reflètent également cet effet de territoire : 38 % d’entre eux sont employés et 35 % ouvriers, quand les cadres et les artisans sont nettement moins représentés. 

L’alternance comme levier d’insertion 

Face à ces constats, l’alternance apparaît comme une solution efficace pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes des QPV. Mais son accès reste limité. Selon le Céreq, seulement 23 % des jeunes de ces quartiers ont suivi une formation en alternance, contre 33 % pour leurs voisins. Les freins géographiques, la mobilité réduite et le manque d’accompagnement dans la recherche d’employeurs expliquent cet écart. 

Pourtant, l’alternance améliore significativement les chances de réussite scolaire et d’insertion professionnelle. Ceux qui parviennent à intégrer une formation en alternance obtiennent plus fréquemment leur diplôme et réussissent davantage à décrocher un emploi stable.  

Sur le même thème

Les sujets associés