Lors d’une table ronde, quatre lignes directrices ont été évoquées pour relever le défi de la transition écologique en termes d’emplois et de formation : anticiper les évolutions de compétences, identifier les besoins des entreprises, adapter l'offre de formation et impliquer l’ensemble des acteurs dans les territoires.
Dans le cadre des Journées du Réseau des Carif-Oref, une table ronde a réuni plusieurs expertes sur le sujet de la transition écologique le 10 octobre, à Nantes. Pour aider les acteurs à se saisir de ce sujet complexe, les intervenantes ont présenté les principaux enjeux de la transition énergétique en termes d’emplois et de formation.
Des enjeux forts, comme l’a annoncé en introduction la ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, Carole Grandjean : "L'emploi et la formation sont des piliers de notre réussite pour tenir le cap de la neutralité carbone d’ici 2050. À nous d'unir nos forces pour bâtir une société et une économie plus durable."
La transition écologique est une dynamique globale. Elle impacte tous les secteurs. "Pour autant, on voit bien qu’il y a des secteurs à enjeux. Les transports, le bâtiment, l’industrie, l’agriculture et l’énergie sont au cœur de la planification écologique pour atteindre les objectifs de neutralité carbone", explique Sophie Margontier, cheffe de projet Transition écologique et compétences au ministère du Travail.
Comment évoluent les emplois dans ces secteurs ? En 2019, l’Ademe recensait un peu moins de 360 000 nouveaux emplois verts directs : en premier lieu dans le domaine de la performance énergétique des bâtiments, puis dans les énergies renouvelables et les transports terrestres sobres. Plus que par l’émergence de nouveaux métiers, la transition écologique semble davantage se traduire par une évolution des compétences. Une tendance confirmée par les travaux de prospective de France Stratégie.
Du côté des entreprises, l’engagement dans la transition écologique est encore timide. Les premières actions sont souvent menées en réponse à des contraintes réglementaires ou pour des raisons économiques. L’enjeu des compétences n’est pas une priorité. L'étude menée par l’Observatoire Compétences Industries (Opco 2I) le montre : en 2022, 7 entreprises industrielles sur 10 avaient peu ou pas du tout identifié leurs besoins en formation dans le cadre de la transition écologique.
Mais pour identifier les besoins en formation, il faut d'abord identifier les nouvelles compétences requises par les employeurs. La transformation des métiers et des compétences doit être ancrée dans l’activité professionnelle. D’où l’importance de créer un espace de dialogue pour faire émerger les besoins et, par ricochet, faire évoluer l’offre de formation. C’est la démarche du projet Def’Hy, lancé par France Hydrogène, l’Afpa, EIT Innoenergy, Pôle emploi, Adecco digital et le Réseau des Carif-Oref, avec l’objectif de réaliser un diagnostic poussé et une analyse des compétences-métiers et formations de la filière hydrogène.
Pour témoigner des évolutions de compétences, il est indispensable d’adapter les référentiels professionnels existants afin d’avoir un langage partagé et structuré. "À date, le Répertoire opérationnel des métiers et emplois (ROME) n’a pas intégré l’ensemble des compétences de la transition écologique", commente Catherine Beauvois, directrice de projet à Pôle emploi. "Une vingtaine de macro-compétences dans le champ de la transition écologique ont été identifiées, de même que les métiers verts et verdissants. Nous avons également ajouté la possibilité d’afficher des compétences émergentes : un signal fort pour préparer l'offre de certification et l'offre de formation !" ajoute-t-elle.
Enfin, la formation n’est pas seulement à considérer comme un appui de la transformation des compétences, mais aussi comme un moteur impulsant une dynamique collective. Réussir la transition écologique implique de revisiter nos façons de faire et surtout d'embarquer l'ensemble de l'écosystème de l’emploi dans les territoires.
"La transition écologique exige transversalité et décloisonnement. À travers notamment la création du Réseau emploi compétences, de l’Observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte (Onemev), de la journée inter-Opco, l’objectif est de créer des synergies entre toutes les structures du champ de l'emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles pour relever ce défi ensemble !", conclut Sophie Margontier.
Cariforef des Pays de la Loire, octobre 2023