24/11/2025

L’industrie agroalimentaire sous pression

Historiquement liée à la vitalité agricole du quart nord-ouest, l’industrie agroalimentaire reste un moteur économique de la région. Dans un contexte de transitions démographique, numérique et écologique, comprendre ses besoins en compétences est devenu stratégique. C’est tout l’objet de la nouvelle étude menée par l’Insee et la Dreets Pays de la Loire, avec l’appui du Cariforef. 

Un secteur qui nourrit l’économie régionale

Premier secteur industriel des Pays de la Loire, l’industrie agroalimentaire (IAA) rassemble les activités de transformation et de conservation des matières premières agricoles. Elle représente à elle seule 20 % des salariés de l’industrie régionale, contre 14 % en France métropolitaine.  

Le secteur est néanmoins marqué par une saisonnalité forte. Pour absorber les pics de production liés aux récoltes ou aux périodes festives, les entreprises recourent plus fréquemment qu’ailleurs aux contrats courts, à l’intérim ou au temps partiel. Dans certaines filières – transformation des fruits et légumes, fabrication de boissons, pains, pâtes ou autres produits alimentaires – les effectifs grimpent de plus de 10 % en été
Cette flexibilité permet de s’adapter rapidement, mais complique le recrutement durable et la fidélisation des salariés.

20 %

des salariés de l’industrie 

8 300

salariés sur la zone des Herbiers-Montaigu

+ 10 %

d’effectifs salariés en été dans certaines filières 

Surchauffe sur les recrutements

Au cœur de l’appareil productif, les ouvriers qualifiés représentent 72 % des ouvriers du secteur. Leur rôle ne cesse de monter en technicité à mesure que les chaînes de production s’automatisent : réglages des machines, pilotage de ligne, contrôles qualité…  

Pourtant, ces métiers sont parmi les plus difficiles à recruter. Les conditions de travail contraignantes, les faibles salaires et le turnover important contribuent à un déficit d’attractivité durable. À cela s’ajoutent les tensions sur des profils transversaux – maintenance, ingénierie, qualité – fortement convoités par d’autres filières industrielles.

Le défi est également démographique : 32 % des salariés de l’IAA ont 50 ans ou plus, contre 25 % dans l’ensemble du privé. Le ratio est éloquent : l’agroalimentaire compte 1,4 salarié de 50 ans ou plus pour 1 salarié de moins de 30 ans. Le renouvellement massif des départs va accentuer les difficultés de recrutement.

De nouvelles compétences à mettre au menu

Dans ce contexte, la formation apparaît comme un levier déterminant pour répondre aux besoins de recrutement et accompagner les transitions, d’autant que l’offre régionale est riche. 

La région compte une quinzaine de formations spécifiquement dédiées à l’agroalimentaire, du CAP agricole « opérateur en industries agroalimentaires » jusqu’aux diplômes d’ingénieur. Le supérieur bénéficie d’une bonne dynamique, notamment grâce à l’École supérieure des agricultures (Angers) et l’École nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l’alimentation de Nantes-Atlantique. 

La majorité des personnes formées relèvent du statut scolaire (64 % en 2023). 30 % sont en apprentissage – surtout dans le supérieur – et seulement 6 % en formation continue. La formation continue reste nettement moins mobilisée que dans d’autres métiers également en tension. Les entreprises privilégient encore les dispositifs internes pour former leurs salariés, au détriment d’actions collectives. 

Pourtant, face à la montée en puissance de la robotisation, aux exigences de traçabilité et à la maîtrise des coûts énergétiques, les acteurs de la filière s’accordent : une montée en compétences des salariés est indispensable pour rester compétitif et accompagner les évolutions de la production alimentaire.

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