Territoires zéro chômeur : la pérennisation du programme en question

Et si le chômage de longue durée n’était pas une fatalité ? C’est la conviction portée par Laurent Grandguillaume, président de l’association Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD), lors d’une conférence organisée par le Département de Loire-Atlantique. À quelques mois de la fin de la 2e phase de l’expérimentation, cette rencontre a permis de dresser un bilan riche d’enseignements et de s’interroger sur l’avenir d’un dispositif bien ancré dans la région.

L’emploi pour tous

En complément des actions déjà menées par les structures d’insertion, l’expérimentation TZCLD, lancée en 2016, repose sur une idée simple : aucune personne volontaire pour travailler ne devrait être durablement privée d’emploi, quelle que soit sa situation. 

Le programme s’appuie sur 3 convictions :

• Personne n’est inemployable. 
• Il existe des besoins locaux non couverts par les entreprises existantes. 
• Le coût de la privation durable d’emploi pour la collectivité dépasse celui de la création d’emplois utiles.

Comment cela fonctionne ? Des Entreprises à but d’emploi (EBE) proposent, sans sélection, des postes adaptés aux capacités de chacun, le plus souvent en CDI à temps choisi, dans des activités de biens et services non couvertes par le marché local.

Si on adapte le travail aux personnes, on peut y arriver.  

Laurent Grandguillaume, président de l’association TZCLD

Les publics cibles ? Des Personnes privées durablement d’emploi (PPDE) ou des personnes volontaires, exclues du marché du travail traditionnel, notamment des allocataires du RSA. A noter que les EBE sont cofinancées par une contribution publique, calculée en fonction des coûts évités du chômage de longue durée.

Des effets positifs, des ajustements préconisés

Après dix ans d’expérimentation, les résultats du programme TZCLD démontrent concrètement, qu’en partant des personnes et des territoires, il est possible de mettre fin collectivement à la privation durable de l’emploi.

L’expérimentation a permis à plus de 4 000 personnes éloignées durablement de l’emploi de retrouver un CDI.

Bilan final du Fonds Expérimentation territoriale contre le chômage de longue durée 

Le rapport final du comité scientifique, publié le 23 septembre dernier, met en avant des effets très positifs pour les personnes concernées : un retour à l’emploi durable, une stabilité et un statut social retrouvé. Il souligne aussi la vitalité des dynamiques territoriales mises en œuvre. 

Plusieurs points de vigilance demeurent, rappelés par Laurent Grandguillaume lors de sa conférence :

• Améliorer l’insertion professionnelle des publics éloignés de l’emploi, c’est d’abord les accompagner pour résoudre les problématiques sociales (mobilité, garde d’enfants, troubles psychiques, hébergement…).
• Un ciblage efficace du chômage de longue durée repose sur la conjugaison d’une forte implication des acteurs locaux et d’une action de proximité.
• L’identification des territoires et des personnes bénéficiaires doit garantir l’exhaustivité pour que toute personne durablement privée d’emploi accède au dispositif, quelle que soit sa situation.

L’ensemble de ces points sont repris dans le rapport du comité scientifique, qui préconise également de prioriser les publics les plus éloignés de l’emploi pour lesquels les Structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) sont moins adaptées, et de maintenir une logique de complémentarité. 

La réflexion doit se poursuivre à l’Assemblée nationale sur l’intégration du dispositif dans les politiques publiques de l’emploi : l’objectif est de passer d’une logique expérimentale (jusqu’au 30 juin 2026) à une généralisation progressive, en tenant compte des enseignements tirés.

Les Pays de la Loire, un territoire d’expérimentation dynamique

À l’échelle nationale, le modèle TZCLD est désormais reconnu comme une solution innovante et complémentaire de l’économie sociale et solidaire, avec 91 EBE et plus de 4 000 personnes embauchées. Les Pays de la Loire se distinguent avec sept entreprises à but d’emploi : cinq en Loire-Atlantique, une en Maine-et-Loire (Saumur) et une en Mayenne (Laval).

En Loire-Atlantique, un ancrage remarquable

Après la création d’Espacea à Pontchâteau en 2022 (62 salariés), quatre autres EBE ont vu le jour en Loire-Atlantique en 2025, aussi bien dans des Quartiers prioritaires de la ville (QPV) qu’en zones rurales, dans des domaines aussi variés que la valorisation de matériaux, le réemploi textile, les services, la restauration ou l’entretien d’espaces :

• La Boîte à Plessé (9 salariés), 
• L’Amarrez à Rezé – quartier du Château (15 salariés), 
• Boréal à Nantes – quartier de la Bottière Pin-Sec (18 salariés) 
• Elico à Loireauxence.

Un sixième projet est en attente d’une habilitation à Saint-Nazaire. 

Deux appels à projets sont également en cours pour animer le droit à l’emploi dans le cadre du dispositif TZCLD : 

• à Nantes Métropole (clôture le 2 novembre 2025) 
• dans l’agglomération nazairienne (clôture le 7 novembre 2025).