Marché du travail en Pays de la Loire : une dynamique à géographie variable

Le 10 juin, l’Insee Pays de la Loire a présenté plusieurs études régionales portant sur l’évolution du marché du travail. Population active, salaires, précarité : les projections à l’horizon 2050 permettent d’éclairer les dynamiques à l’œuvre dans les territoires et les enjeux à anticiper en termes d’accompagnement vers l’emploi.
Une population active en hausse, et plus âgée
La région des Pays de la Loire fait partie des territoires où la population active va continuer de croître dans les années à venir.
Selon les projections, la région gagnerait 144 000 actifs supplémentaires d’ici 2050 – une progression parmi les plus fortes de France, juste derrière l’Occitanie. Cette dynamique, portée en grande partie par les migrations résidentielles, se concentrerait toutefois en Loire-Atlantique. À l’inverse, la Mayenne et la Sarthe connaîtraient une baisse de leur population active, tandis que la Vendée et le Maine-et-Loire resteraient stables.
Le profil des actifs va également changer. En 2050, un actif sur cinq aura 55 ans ou plus. Leur taux d’activité devrait augmenter, passant de 54 % en 2018 à 72 %.
144 000
actifs en plus d’ici 2050
2e
croissance la plus rapide de France
19 %
des actifs auront 55 ans ou +
Ces transformations invitent les acteurs économiques et institutionnels à adapter leurs stratégies. La mobilisation en faveur de l’emploi des 50 ans et plus en est une illustration concrète.
Une géographie salariale marquée
Deuxième atout de la région : une relative stabilité salariale. Avec un salaire médian net de 12,87 € de l’heure, la région se situe au même niveau que la moyenne nationale. Un véritable levier d’attractivité pour les entreprises, dans un contexte où la pression inflationniste reste maîtrisée.
Toutefois, d’importants écarts subsistent entre les zones d’emploi. Nantes, Saint-Nazaire et Ancenis tirent la moyenne régionale vers le haut. À elle seule, la zone de Nantes concentre 31 % des emplois salariés et enregistre les rémunérations les plus élevées. Ces différences s’expliquent en grande partie par la structure socio-professionnelle : les cadres y sont surreprésentés, contrairement aux zones plus rurales comme La Ferté-Bernard ou Sablé-sur-Sarthe où dominent les ouvriers non qualifiés. Dans ce panorama, Saint-Nazaire fait figure d’exception, avec un tissu industriel dense où les ouvriers qualifiés bénéficient de meilleurs niveaux de rémunération.
Le salaire n’est pas que la rémunération du travail, c’est aussi une incitation.
Arnaud Degorre, directeur régional de l’Insee Pays de la Loire
Pour preuve, depuis la crise sanitaire, les salariés sont plus enclins à changer d’emploi, motivés avant tout par une meilleure rémunération.
162 000 travailleurs pauvres dans l’Ouest
Malgré une conjoncture favorable, les Pays de la Loire et la Bretagne comptent 6 % de travailleurs pauvres, soit environ 162 000 personnes dont le niveau de vie médian s’élève à 970 € par mois. Il apparaît que le fait d’occuper un emploi ne garantit pas toujours un niveau de vie suffisant.
Les travailleurs pauvres ont pour particularité d’alterner chômage, emploi et inactivité (45 % contre 21 % chez l’ensemble des travailleurs). Ils occupent plus fréquemment des emplois à temps partiel, vivent dans des territoires fragiles – quartiers prioritaires ou zones de revitalisation rurales – et sont souvent des personnes isolées ou des familles monoparentales.
L’accompagnement de ces publics constitue un enjeu central pour renforcer l’inclusion et garantir le bon fonctionnement du tissu économique. Dans le prolongement de la loi pour le plein emploi, les opérateurs s’organisent pour rapprocher durablement de l’emploi ceux qui en sont le plus éloignés.
Un marché du travail pluriel
Les études dévoilées le 10 juin montrent que le marché du travail régional n’évoluera pas de manière uniforme. Chaque département, chaque bassin d’emploi présente des trajectoires spécifiques, façonnées par les mobilités résidentielles, la démographie et le tissu économique.
En savoir plus
Découvrez les 3 études présentées :
- D’ici 2050, 144 000 actifs en plus, portés par les arrivées en Loire-Atlantique
- Des salaires plus élevés dans les zones d’emploi dotées d’une grande agglomération
- En 2021, 162 000 travailleurs pauvres dans l’ouest
Consultez les résultats de l’enquête partenariale du Compas sur la précarité en milieu rural en Pays de la Loire