24/06/2025

Conférence régionale 

Dans le sillage de la mobilisation lancée par la ministre du Travail et de l’Emploi, une conférence régionale organisée par la Dreets s’est tenue le 16 juin à la Préfecture de région, accompagnée d’un job dating dédié aux 50 ans et plus. Cette rencontre a réuni près de 90 participants – entreprises, partenaires sociaux, acteurs de l’emploi et de la formation, services de santé au travail, l’État et le Conseil régional – autour de bonnes pratiques pour faire progresser collectivement les conditions d’emploi des salariés expérimentés. Les témoignages ont prouvé que les changements sont non seulement possibles, mais déjà à l’œuvre.  

Enjeux et réalités en Pays de la Loire 

En Pays de la Loire, les 55-64 ans représentent déjà 20 % de la population active et cette part devrait sensiblement augmenter dans les années à venir. En 2023, la région comptait 42 600 demandeurs d’emploi de 55 ans et plus, dont 64 % inscrits depuis plus d’un an. Une situation d’autant plus préoccupante que les départs à la retraite y interviennent plus tôt, en raison d’une forte proportion d’emplois ouvriers. 

« L’expérience est une force, l’âge ne doit pas être un frein », souligne la ministre du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet. Favoriser l’emploi des travailleurs de plus de 50 ans est aujourd’hui un enjeu stratégique, à plusieurs titres :

  • un enjeu démographique pour anticiper la baisse de la population active et prévenir un déficit de compétences ; 
  • un enjeu sociétal pour combattre la première discrimination au travail : celle liée à l’âge ; 
  • un enjeu économique pour assurer la capacité de production alors même que les entreprises rencontrent des difficultés à recruter. 

Une mobilisation collective et territorialisée

En parallèle du projet de loi actuellement en discussion, qui vise à transposer l’Accord national interprofessionnel (ANI) signé en novembre 2024 par les partenaires sociaux – avec des mesures comme la création d’un « contrat de valorisation de l’expérience » pour les demandeurs d’emploi de plus de 60 ans, ou l’instauration d’une négociation obligatoire dans les entreprises de plus de 300 salariés –, le changement des pratiques doit passer par la mobilisation des acteurs sur le terrain

En Pays de la Loire, cette mobilisation s’appuie sur une culture de dialogue et de coopération bien ancrée. La Stratégie régionale de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles (Srefop), qui intègre déjà l’enjeu du vieillissement de la population active, en constitue le socle. Déployée localement grâce aux Comités locaux pour l’emploi (CLPE), elle permet d’adapter les réponses aux réalités des territoires.

Dreets Pays de la Loire

Des entreprises ligériennes qui montrent la voie

Lors de la première table ronde, plusieurs entreprises ont témoigné de leur engagement concret en faveur du maintien en emploi des travailleurs expérimentés, que ce soit sous le prisme du développement des compétences, de la transmission ou celui de la prévention de l’usure professionnelle.

Mentorat et transmission chez SCE Aménagement et Environnement 

Frédéric Poupelin, maître d’œuvre, décrit le parcours spécifique mis en place chez SCE Aménagement et Environnement pour fidéliser les ingénieurs de plus de 50 ans. Point d’étape personnalisé, nouvelles activités comme la création de supports pédagogiques pour l’école interne ou mentorat intergénérationnel : tout est fait pour maintenir l’engagement et organiser la transmission.

Regardez l’interview de Frédéric Poupelin, maître d’œuvre chez SCE Aménagement et Environnement

Évolution et accompagnement à l’ICO

Même ambition à l’Institut de Cancérologie de l’Ouest (ICO), où Véronique Pichot, responsable emploi et compétences, précise que les parcours sont pensés pour évoluer, que ce soit en favorisant les passerelles métiers et la formation (les aides-soignants peuvent devenir infirmiers, les infirmiers se spécialiser, etc.), ou même en accompagnant les projets individuels, en lien avec des acteurs tels que Avenir Actifs et Transitions Pro.

Regardez l’interview de Véronique Pichot, responsable emploi et compétences à l’ICO

Prévention des risques professionnels chez O’guste

Cette entreprise agroalimentaire de Vendée, où la moyenne d’âge est de 47 ans, a lancé un vaste programme de prévention. Angélique Marsault, RRH, et Charline Mesnard, responsable communication, évoquent l’amélioration des lignes de production pour limiter les Troubles musculo-squelettiques (TMS), 80 % de salariés formés en santé-sécurité en 2024 et les possibilités d’aménagement de fin de carrière. 

Face à l’enjeu que représente l’usure professionnelle – 45 % des maladies liées aux TMS concernent les salariés de 50 à 59 ans –, la médecine du travail a évolué vers davantage de prévention. Depuis 2021, la visite médicale de mi-carrière, obligatoire à partir de 45 ans, permet d’anticiper les risques de désinsertion professionnelle. Le lien entre l’âge et les situations de handicap est également établi : plus de 50 % des travailleurs handicapés ont 50 ans ou plus, et près de 60 % des bénéficiaires de l’Obligation d’emploi ont un niveau inférieur au CAP-BEP, selon les données Cheops.

Regardez l’interview de Charline Mesnard, responsable marketing et communication de l’entreprise O’guste

Des trajectoires inspirantes

Une seconde table ronde, mêlant employeurs et salariés, a mis en lumière des parcours inspirants de recrutement ou de reconversion de travailleurs expérimentés.

Chez ID Luce, les salariés de 50 ans et plus sont un atout

Dans cette entreprise spécialisée dans la fabrication de panneaux de bois, 30 % des salariés ont plus de 50 ans. Christophe Delayre, le dirigeant, souligne leur fiabilité et leur engagement. Il cite l’exemple d’André, embauché en CDD pour valider deux trimestres manquants, qui n’a plus voulu quitter l’entreprise à la fin de son contrat et est aujourd’hui en CDI à 65 ans.

Regardez l’interview de Christophe Delayre, dirigeant d’ID Luce

Reconnaître les compétences au-delà du diplôme

Après un licenciement économique, Jérôme Geoffroy, 51 ans, a rencontré des difficultés pour retrouver un emploi, faute de diplôme. Il a engagé une VAE, obtenu un Bac pro Commerce et s’est lancé dans une formation en marketing digital. Misant sur son expérience et grâce à un accompagnement de France Travail, la société APS Solutions Informatiques vient de le recruter en alternance. « On a vu en lui un éventail de compétences », souligne Gervais Ndjomo, directeur commercial.

Regardez l’interview de Jérôme Geoffroy et Jean-Marie Corbineau, PDG d’APSSI Group

Rompre avec la solitude et reprendre confiance

Rapprocher demandeurs d’emploi et employeurs autour de la compétence, accompagner les parcours, c’est bien l’ambition des acteurs de l’emploi comme France Travail ou l’Apec, également présents à cette table ronde. 

Céline Frelat, responsable communication chez Hyg Up, en a bénéficié. Le dispositif Talents seniors de l’Apec, qui propose un parrainage de cadres de plus de 50 ans par des acteurs économiques de la région, lui a permis de rompre sa solitude, de reprendre confiance et retrouver un emploi sur un marché concurrentiel, grâce à l’appui de sa « marraine » Patricia Siohen de QuinteSens.

Regardez l’interview de Céline Paris-Frelat et Patricia Siohen

De plus en plus d’actifs de 50 ans et plus en formation

L’accès à la formation est également essentiel pour favoriser l’accès à l’emploi des travailleurs expérimentés. Au campus de La Solive à Nantes, spécialisée dans les métiers de la rénovation énergétique, 25 % des apprenants ont plus de 50 ans, indique Joséphine Olivier, la directrice. Un chiffre encourageant, dans un contexte où seuls 15 % des 55-64 ans suivent une formation professionnelle (contre 22 % des actifs en général).

Cette conférence régionale marque une étape importante dans la mobilisation pour l’emploi des 50 ans et plus. Portée par des initiatives concrètes et des témoignages inspirants, elle pose les bases d’une action collective. L’enjeu désormais est d’aller ensemble vers les entreprises, vers les salariés, à l’échelle de chaque territoire, pour faire de l’emploi des 50 ans et plus une priorité partagée.

Améliorer l’employabilité des plus de 50 ans est notre responsabilité collective. Cela implique de construire une logique sur-mesure, d’adapter les réponses qu’on est capable d’apporter collectivement pour être en phase avec les besoins. L’agilité doit être au cœur de nos actions.

Fabrice Rigoulet-Roze, préfet de la région Pays de la Loire

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