Impacts sur l’emploi
Deux études de référence
Plusieurs études prospectives font aujourd’hui référence pour comprendre les impacts de la décarbonation sur l’emploi et les compétences. Voici deux exemples de travaux éclairants.
L’emploi : moteur de la transformation bas carbone
Ce rapport du Shift Project, paru en 2021, montre l’évolution nécessaire des emplois pour aller vers une économie neutre en carbone à l’horizon 2050. Il met en lumière le caractère inégal de l’impact de la transition écologique selon les secteurs. Si des besoins sont attendus dans le bâtiment avec l’augmentation des rénovations énergétiques ou dans l’agriculture avec la relocalisation du maraîchage, d’autres domaines comme l’automobile devront se réorganiser ou réduire leurs effectifs.
Son apport majeur : l’identification de quatre leviers d’action concrets pour accompagner ces mutations, allant de la refonte des formations à la mise en place d’un pilotage territorial.
Les incidences économiques de l’action pour le climat
Ce rapport de France Stratégie sur le marché du travail montre que la transition écologique n’entraînera pas tant une destruction massive d’emplois qu’une transformation des métiers existants. Il détaille les quinze métiers dont la part dans l’emploi total serait la plus élevée dans le scénario bas carbone en 2030. La moitié relèvent du secteur de la construction. L’une des problématiques de la transition écologique sera donc de fournir en main-d’œuvre ces métiers déjà touchés par de fortes tensions.
Planification écologique et emplois
Depuis 2023, la France s’est dotée d’une planification pour accélérer la transition écologique.
Dans sa Stratégie emplois et compétences, le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) estime que la planification écologique pourrait concerner près de 8 millions d’emplois et être créatrice de 200 000 à 550 000 emplois d’ici à 2030 dans les secteurs à enjeux (bâtiment, industrie, énergie…).
8 millions
d’emplois concernés
Entre 200 000 et 550 000
emplois créés d’ici 2030
Selon le SGPE, d’ici 2030, la mise en œuvre de la transition écologique aura des impacts sur les effectifs, en particulier dans 6 secteurs à enjeux :
- Le bâtiment (+ 190 000 emplois) : La rénovation énergétique sera le principal moteur de croissance, avec des besoins supérieurs à la baisse attendue dans la construction neuve, responsable de l’artificialisation des sols.
- L’industrie (+ 95 000) : La décarbonation du secteur devrait soutenir l’emploi, avec une hausse variable selon le maintien ou non de la tendance à la réindustrialisation.
- L’énergie (+ 89 000) : L’augmentation des effectifs est associée au développement des énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien, géothermie et solaire thermique).
- Le transport (+ 39 000) : La reconfiguration du secteur devrait entraîner des pertes d’emplois dans le fret routier ou l’aérien, mais des créations dans l’automobile électrique, le vélo et le ferroviaire.
- L’eau et les déchets (+ 11 000) : Des besoins accrus sont attendus pour la préservation de la ressource en eau et le développement de l’économie circulaire (collecte, tri, valorisation, allongement de la durée d’usage).
- L’agriculture et alimentation (stabilité) : Si les pratiques doivent évoluer, le maintien des effectifs dépendra de la capacité à assurer le renouvellement générationnel.
Identification des métiers de la transition écologique
Depuis 2020, France Travail conduit une refonte en profondeur du Répertoire opérationnel des métiers et des emplois (ROME), qui intègre une approche par compétences. Le nouveau ROME 4.0, lancé en mars 2023 et enrichi en continu, vise à passer des 532 fiches historiques à près de 2 000 fiches métiers d’ici 2026.
La dernière mise à jour recense 1 584 fiches dont 358 taguées « transition écologique ». Ce marquage englobe à la fois les emplois verts et les emplois considérés comme stratégiques pour la transition écologique, sans distinction.
Si la majorité des métiers n’entrent pas dans ces catégories, cela ne les empêche pas d’introduire des pratiques professionnelles plus respectueuses de l’environnement.

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Les métiers liés à la transition écologique
Les métiers verts : métiers directement tournés vers la protection de l’environnement.
exemples : agent de tri des déchets, technicien forestier, désamianteur, chef de projet éolien…
Les métiers stratégiques : métiers classiques indispensables à la planification écologique (selon le contexte de travail)
exemples : maraîcher, plaquiste, agent d’exploitation de la voirie, mécanicien cycle…
logo Cariforef des Pays de la Loire, préfet de la région Pays de la Loire et Région Pays de la Loire
Une première version de cette cartographie est disponible sur MétierScope, qui propose pour chaque métier : une description des missions, une courte vidéo de témoignage, les compétences requises, le contexte de travail, les conditions d’accès ainsi que les offres d’emploi par département. À terme, cette catégorisation pourra permettre d’identifier plus facilement les offres d’emploi à impact environnemental positif.
Impact dans les territoires
La transition écologique comporte également une dimension territoriale importante, avec des effets sur l’emploi qui varient selon les zones et les filières. C’est ce qu’a montré une expérimentation menée par le Réseau des Carif-Oref (RCO) dans trois régions pilotes : Centre-Val de Loire, Pays de la Loire et Normandie.
Pour approfondir : Transition écologique : quels impacts sur les métiers et compétences ?