Le Pouss' Projet, un concept innovant pour accompagner des personnes éloignées de l'emploi



Habituellement dédié aux jeunes entrepreneurs, ce dispositif imaginé par l’association Blue Lab de Saint-Nazaire a récemment été adapté à des demandeurs d’emploi dans le cadre d’un programme de formation. Avec des perspectives prometteuses.

Mobiliser un collectif pour favoriser le développement d’un porteur de projet sur un territoire : voilà comment pourrait être résumé le concept du Pouss’ Projet, lancé il y a presque trois ans par le Blue Lab, une association nazairienne dédiée notamment à l’innovation numérique. Son principe est le suivant : un porteur de projet expose une idée ou une problématique à un groupe de "pousseurs" (entrepreneurs, consultants, experts, enseignants, etc.) qui en retour lui apporte d’autres points de vue, des recommandations d’actions à mener ou des contacts à activer.

Si l’ambition initiale est d’accompagner de jeunes entrepreneurs, le Pouss’ Projet s’est récemment trouvé un nouveau public : les demandeurs d’emploi. Le Blue Lab a en effet décidé d’intégrer ce rendez-vous à son programme de formation baptisé "Sur les Rails", lauréat de l’appel à projets Deffinov Tiers-lieux en Pays de la Loire et orienté vers des personnes en recherche d’emploi.

30 minutes d’échanges avec des "pousseurs"

Ces ateliers d’intelligence collective ont été imaginés en s’inspirant de la méthode du co-développement, basée notamment sur des valeurs d’entraide, d’écoute, de bienveillance, et se déroulent selon la chronologie :

  • 5 minutes d’exposé du projet,
  • 10 minutes d’échanges, de questions-réponses entre le collectif de pousseurs et le porteur de projet,
  • 10 minutes d’expression d’idées d’actions par les pousseurs de projet,
  • 5 minutes de conclusion par le porteur de projet.

Pour cette session "Deffinov", qui a eu lieu le 12 janvier dernier à Saint-Nazaire, cinq stagiaires étaient donc invités, en conclusion de leur parcours de formation de 11 jours, à se prêter au jeu du Pouss’ Projet le temps d’un après-midi, en suivant le déroulé habituel, adapté au contexte du jour :

L’exposé du projet

Chacun des stagiaires est invité à "pitcher" son parcours et ses difficultés, avant de livrer sa problématique ou son interrogation, par exemple : "Où postuler pour travailler en tant qu’agent d’accueil", "Comment trouver un poste qui s’adapte à mon handicap ?", "Quels leviers activer pour développer mon projet de fabrication de tablette de voyage pour voiture ?".

Les échanges entre le collectif de pousseurs et le stagiaire

Le collectif de pousseurs pose ensuite des questions au stagiaire pour clarifier certains éléments, par exemple : "Si j’ai bien compris, vous êtes à l’aise avec l'informatique, pouvez-vous nous en dire plus ?" ou encore "Vous nous avez indiqué que vous n’aviez pas le permis de conduire, est-ce un projet que vous envisagez ? Si ce n’est pas le cas, qu’est-ce qui vous en empêche aujourd’hui ?"

L’expression d’idées par les pousseurs

Après avoir clarifié les problématiques du stagiaire, les pousseurs émettent des idées ou des recommandations : "Si j’étais toi, je me rapprocherais d’associations ou de structures d’inclusion numérique, peut-être dans un premier temps pour y faire un stage" ou "Si j’étais toi, je me renseignerais sur le compte CPF, qui permet désormais de financer le permis de conduire".

La conclusion par le porteur de projet

Le stagiaire exprime ses remerciements aux pousseurs et énonce des axes de travail ou la prochaine action qu’il va entreprendre, par exemple la prise de contact avec un professionnel recommandé par un pousseur ou la prise d’informations sur un dispositif de création d’entreprise.

Une remise en confiance et un pas vers l’emploi ?

Pour ces personnes considérées comme éloignées de l’emploi, l’exercice a constitué un vrai défi, finalement relevé haut la main et bénéfique à de nombreux égards. "Cet atelier d’intelligence collective permet de les mettre en valeur et de leur redonner confiance", se félicite Damien Henry, directeur du Blue Lab, avant d’ajouter : "C’est également important de les reconnecter au monde des actifs, de leur faire sentir qu’il y autour d’eux des professionnels avec qui ils peuvent échanger".

Du côté des stagiaires, l’expérience, vécue dans un esprit d’entraide et de solidarité, a également été unanimement appréciée. Et l’un d’entre eux pourrait même très rapidement remonter dans le train de l’emploi : les contacts noués durant la formation et le Pouss’ Projet devraient lui permettre de signer un contrat de travail.

Pour aller plus loin

Participez à la formation "On s’entraîne à présent ?... à animer des séquences de co-développement", le 21 mars de 14h à 17h

 

Cariforef des Pays de la Loire, février 2024