Je ne décroche pas, je me construis !



Sous ce titre optimiste, le Ceser des Pays de la Loire publie une nouvelle étude sur le décrochage scolaire, basée sur les auditions de 24 jeunes ligériens et 37 spécialistes. Il en ressort plusieurs constats majeurs, parmi lesquels l’importance de faciliter les parcours non-linéaires, en reconnaissant le droit à l'erreur, et de soutenir les familles.

Le récent rapport du Conseil économique, social, environnemental (Ceser), intitulé "Je ne décroche pas, je me construis ! Bâtir ensemble les conditions de garantie des chances : prévention, intervention et remédiation du décrochage scolaire en Pays de la Loire", adopte une posture volontairement optimiste. Sous ce titre, il met en lumière l'importance de chaque expérience dans la construction individuelle et l’indispensable collaboration des acteurs, déjà "très efficace en Pays de la Loire", pour relever le défi du décrochage.

Un décrochage de plus en plus précoce

Ce récent rapport révèle que le décrochage scolaire survient de plus en plus tôt dans le parcours éducatif. Des signes peuvent être perceptibles dès les premières années de scolarité, voire dès la maternelle. Plusieurs témoignages soulignent cette réalité, mettant en avant le manque d'intérêt précoce pour l'école. Lilian, en service civique à UnisCité Nantes, déclare : "J’ai décroché depuis toujours, dès la maternelle. Je n’ai jamais aimé l’école.". "J’ai le sentiment que le décrochage augmente de plus en plus en primaire, on en voit le signe par des absences non autorisées. L’absentéisme apparaît comme une façon d’échapper à l’école", confirme Charlotte Loisant, correspondante académique pour les Enquêtes locales climat scolaire (ELCS).

Par ailleurs, le calendrier du décrochage connaît lui aussi une évolution : alors que des pics de décrochage étaient traditionnellement observés à la rentrée de septembre puis en janvier-février, les services régionaux comme le Rectorat indiquent faire le constat d’un décrochage lissé sur toute l’année scolaire.

Faciliter les parcours non-linéaires

Point nouveau dans cette étude, le Ceser propose une réflexion sur la notion de parcours atypiques, appelant à considérer les interruptions scolaires comme des opportunités d'apprentissage plutôt que des échecs. Des dispositifs tels que l'École de la deuxième chance (E2C) pour les décrochés du collège et le Diplôme d'accès aux études universitaires (DAEU) pour les décrochés du lycée offrent aux jeunes l’opportunité de retrouver leur voie et de construire un projet professionnel solide.

Le Ceser a pu rencontrer au cours de ses auditions des jeunes "raccrocheurs" et constater qu’ils sont à même de savoir ce qu’ils veulent. Il incite à valoriser ces parcours et à mieux faire connaître les dispositifs exitants, comme le service civique ou le dispositif PRÉPA Rebond de la Région.

Sylvie Chartier, coordinatrice du lycée Nouvelle chance de Vendée, souligne : "Je suis pour la rupture scolaire si elle est bien accompagnée. Ce qu’il ne faut pas, c’est que le jeune soit dans l’errance. […]  Il y a sûrement quelque chose à construire tous ensemble. L’institution peut prendre sa place dans ce temps d’absence de l’école."

Tenir compte du milieu des élèves

Partant du constat que les causes du décrochage ne s’arrêtent pas à la porte de l’école, le rapport insiste également sur l'importance d’un accompagnement global du jeune et de sa famille. Les parents jouent un rôle crucial dans la prévention du décrochage scolaire et leur implication est essentielle pour la réussite éducative de leurs enfants.

Julien Coué et Mikaël Bodin, de la Maison des adolescents de Loire-Atlantique, soulignent : "Pour les parents d’ados c’est aussi un moment de crise, à mi-vie, ils ne vont pas forcément très bien alors que les ados ont besoin d’adultes qui tiennent, de contenance. C’est accentué aujourd’hui. Des parents hésitants qui ont du mal à tenir, cela a un effet sur le processus de décrochage. […] Nous proposons du soutien avec pair-aidance des parents pour leur montrer qu’ils ont la capacité à faire avec les ados. Si on ne travaille pas cette dimension, on aura moins d’impact". Des propositions concrètes, telles qu'un guide sur les signaux du décrochage à destination des parents ou la mise en place d’une Maison des parents, sont avancées par le Ceser pour renforcer cette collaboration.

Pour aller plus loin

 

Cariforef des Pays de la Loire, février 2024