L'économie des Pays de la Loire et son organisation sociale ont été profondément bouleversées par la crise sanitaire. L'Insee, dans son rendez-vous intitulé "Conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire" du 17 mars 2022, propose un point de conjoncture sur la reprise de l'activité en région. Elle livre aussi une analyse de l'impact de la crise sur des secteurs essentiels en région comme l'aéronautique et le tourisme et cherche à comprendre les conséquences de cette crise sur les parcours d'insertion des jeunes. Enfin, face aux bouleversements qu'ont été les confinements dans les habitudes de vie et de travail, l'Insee apporte un éclairage sur la manière dont les hommes et les femmes ont vécu cette période.
Depuis la fin des restrictions sanitaires en juin 2021, l’activité est supérieure à son niveau d’avant crise. Mesurée par le nombre d’heures de travail payées par les employeurs (donc hors chômage partiel), l’activité dans la région serait supérieure de 3 % à son niveau de 2019 en décembre, après + 2 % en octobre et + 4 % en novembre. L'industrie reste en deçà de son niveau d'avant crise, notamment en raison de problèmes d'approvisionnement.
Le taux de chômage quant à lui est stable, à 6,7 % et reste inférieur au niveau français (8,1 %)
Tableau de bord économique et social Pays de la Loire
La filière aéronautique et spatiale est structurante pour les Pays de la Loire en raison des grands établissements et du réseau de sous-traitants répartis sur le territoire. Les activités aéronautiques et spatiales sont touchées par la baisse inédite d’activité : chute du transport de fret et de passagers, recul de la demande intérieure, etc. Au-delà de l’aspect conjoncturel de la crise, la filière est également confrontée aux enjeux de la transition écologique au niveau mondial qui vont imposer des modifications dans la conception et l’architecture des avions et des hélicoptères.
En 2020, dans les Pays de la Loire, 17 500 salariés sont dédiés à la filière aéronautique et spatiale, ce qui place la région en troisième position en France pour l'importance de ce secteur. Entre 2019 et 2020, le chiffre d’affaires total des entreprises régionales appartenant à la filière aéronautique et spatiale baisse de 30 %, contre 26 % en France. Le chiffre d’affaires réalisé dans la filière baisse plus fortement (– 38 % dans la région, contre – 32 % en France). En 2021, le redémarrage de l’activité est difficile et les prévisions sont contrastées.
Une forte implantation de l'aéronautique, une sortie de crise difficile
Une forte implantation de l'aéronautique, une sortie de crise difficile - infographie
Après une saison touristique 2020 lourdement impactée par les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19, l’activité touristique reste affectée par la crise sanitaire en 2021. Les campings ligériens enregistrent un déficit de fréquentation pendant la saison par rapport à celle de 2019 (– 6 %), mais la situation est contrastée selon la période et les territoires. Dans les hôtels, la baisse de fréquentation est plus forte durant la saison (– 15 %). En effet, l’embellie estivale ne compense pas une avant-saison morose. La reprise progressive de l’activité dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration permet néanmoins un retour à l’emploi d’avant crise durant l’été.
Effet inattendu de la crise sanitaire, Loire à Vélo connaît un bel engouement durant l’été 2021. Entre juin et septembre, 303 550 passages de cyclistes, loisirs et touristes majoritairement, sont enregistrés, soit 9 % de plus qu’en 2019 (à panel constant de dix éco-compteurs). De janvier à octobre 2021, les passages à vélo sont en hausse de 17 % par rapport à la même période de 2019, confirmant que la pratique du vélo s’installe durablement et n’est pas seulement due à la crise sanitaire.
Le tourisme ligérien retrouve son dynamisme d'avant-crise à partir de juillet 2021
Le tourisme ligérien retrouve son dynamisme d'avant-crise à partir de juillet 2021 - Infographie
Les jeunes de 18 à 25 ans sont souvent plus exposés aux fluctuations de la conjoncture économique que leurs aînés. Dans les Pays de la Loire, en mars 2020, 8 360 jeunes de 18 à 25 ans se sont inscrits à Pôle emploi (en catégorie A, B ou C), soit une hausse de 35 % par rapport à ceux qui se sont inscrits en mars 2019.
Depuis mars 2020, les hommes sont plus nombreux à s’inscrire à Pôle emploi (59 % en mars 2020 contre 53 % en mars 2019), ainsi que les jeunes avec un niveau de diplôme équivalent ou supérieur au bac (65 % contre 57 %). La hausse des inscriptions est particulièrement forte chez les jeunes intérimaires, qui travaillent plus fréquemment dans des secteurs davantage exposés à la crise. Leur part parmi les nouveaux inscrits passe de 14 % à 27 %.
Dans l’ensemble, la crise allonge d’un mois la durée où le jeune reste demandeur d’emploi. Cette augmentation concerne tous les profils. Cependant, certains jeunes subissent plus fortement cet allongement. C’est le cas des 18-20 ans, des jeunes peu ou pas diplômés, de ceux qui s’inscrivent suite à un licenciement et de ceux recherchant un emploi dans l’hôtellerie-restauration-tourisme. À l’inverse, l’impact de la crise est plus modéré (20 jours ou moins) pour les jeunes inscrits suite à une mission d’intérim et ceux recherchant un emploi dans les domaines de la construction, Bâtiment et travaux publics (BTP), des services à la personne et à la collectivité, ou du transport et logistique.
Si l’impact de la crise sanitaire est sans précédent au printemps 2020, la situation des jeunes demandeurs d’emploi redevient, au fil des mois, similaire en moyenne à celle de 2019. Un an après l’inscription, la persistance des jeunes au chômage est au même niveau d’avant crise.
Parcours d’insertion des jeunes en 2020 : entre brève pause et difficultés durables
Parcours d’insertion des jeunes en 2020 : entre brève pause et difficultés durables - Infographie
Etude du Cariforef des Pays de la Loire “Un an plus tard, que deviennent les stagiaires entrés sur un dispositif de formation de la Région et Pôle emploi ? Cohorte 2019”
Les mesures liées au confinement ont induit davantage de tâches domestiques et la nécessité de s’occuper plus des enfants. Les femmes y ont contribué davantage, révélant une répartition encore fortement inégalitaire au sein des couples. La période est également marquée par une augmentation du temps de travail plus forte pour les femmes. Moins souvent en chômage partiel que les hommes, plus souvent en télétravail, elles sont aussi plus nombreuses à occuper un métier‑clé les exposant au risque sanitaire. A titre d'exemple, elles occupent 95 % des emplois d’aides à domicile et 50 % des postes de médecins. Ainsi, lors du premier confinement, 312 500 actifs ligériens ont continué à travailler sur leur lieu de travail habituel pour répondre aux besoins de la population. Parmi eux, 60 % sont des femmes. Une active sur quatre est donc confrontée au risque sanitaire de la pandémie dans l’exercice de sa profession, contre un actif sur six.
Premier confinement et égalité femmes-hommes : une articulation des temps de vie plus difficile pour les femmes
Premier confinement et égalité femmes-hommes : une articulation des temps de vie plus difficile pour les femmes - Infographie
Cariforef des Pays de la Loire, mars 2022
