Zapping, décrochage, renoncements : comment accompagner les publics aujourd’hui
Face à ces questions, le groupe projet Emploi formation orientation professionnelles (Efop) de Nantes a fait intervenir Agnès Heidet, consultante et formatrice sur le champ des trajectoires professionnelles, devant un parterre de 150 conseillers. Retour sur cette conférence passionnante.
Riche d’une grande pratique de conseil et d’accompagnement, Agnès Heidet accompagne depuis plus de 20 ans les professionnels de l’emploi et de l’orientation autour des problématiques d’accompagnement.
Proche d’André Chauvet, elle a développé sa vision du désengagement des publics et des leviers de mobilisation.
S’orienter dans un contexte socio-économique de grande incertitude
On a longtemps cru que si on était un bon professionnel, compétent, respectueux, on pourrait maintenir son emploi, voire évoluer. Les parcours actuels montrent chaque jour leur imprévisibilité et leur sinuosité.
Selon l’OCDE, 65 % des métiers de 2030 n’existent pas aujourd’hui. Et 30 à 40 % des étudiants sortant de Master occupent des postes qui ne sont pas liés à leur formation.
Or, l’accompagnement repose encore majoritairement sur le primat de la motivation centrée sur un but : définir un métier qui correspond à la personne puis mettre en œuvre le parcours pour l’atteindre. Mais comment construire un projet professionnel dans un monde en disruption, c’est-à-dire quand les données d’hier n’éclairent plus vraiment demain ?
Quand les publics font davantage confiance à « ceux qui sont passés par là » qu’à la parole officielle ou aux experts, comment informer sur les métiers et les formations ?
Enfin, comment réagir face à des jeunes qui ne sélectionnent pas les filières qu’ils veulent suivre sur Parcours Sup, mais celles où ils ont des chances d’être pris ?
En temps instable, une autre approche de l’accompagnement est possible.
Ici et maintenant, qu’est ce qui est possible pour moi ?
Pour Agnès Heidet, la mobilisation n’est pas uniquement conditionnée par le but. Celui-ci peut se construire au fur et à mesure.
Néanmoins, l’engagement nécessite de l’espoir, un sentiment de pouvoir agir sur sa vie et du sens. L’obéissance peut conduire une personne à accepter une proposition d’un conseiller, mais n’amènera pas à conduire des démarches pour soi.
Du reste, l’engagement peut faire peur. Pour faire connaître les métiers, l’enjeu serait de fabriquer des occasions de rencontres qui permettent de pouvoir tester sans engagement.
Dans une société d’abondance enfin, notre attention est devenue un marché. Quand les personnes se préoccupent moins du fond que de la forme, il faut soigner la présentation et les canaux de diffusion des messages. Sans oublier d’y mettre de l’intrigue.
Pour aller plus loin
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Article d’Agnès Heidet et d’André Chauvet « S’engager : y a qu’à faut qu’on«
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Agnès Heidet donnera la même conférence au Mans le 19 novembre 2020 dans le cadre de l’offre de professionnalisation du Cariforef. S’inscrire à cette conférence.
Cariforef des Pays de la Loire, mars 2020