03/10/2024

Seniors et migrants : quel accès à la formation professionnelle continue ? quels freins ?

Le 21 mai 2019, le groupe les enseignants-chercheurs du programme de recherche régional Informa organisaient une matinale de réflexion autour de l’accès des seniors et des migrants à la formation. Une nouvelle occasion d’interroger la formation professionnelle continue au regard des évolutions qui affectent le travail et l’emploi.

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Lancé en 2017 pour trois ans, avec le soutien de la Région Pays de la Loire, le programme de recherche Informa (pour Injonction à se former et à s’adapter) réunit un ensemble d’enseignants-chercheurs ligériens autour de l’analyse qualitative de la formation et de son accès en venant mettre en lumière des aspects peu ou mal connus.

Les matinales que le groupe de recherche organise, comme celle qui a eu lieu le 21 mai à à la maison de la recherche à Angers, permettent le croisement des regards des différents acteurs de la formation.

La situation de deux publics particuliers a été analysée lors de cette matinale : celle des seniors et celle des migrants.

Lever les stéréotypes pour favoriser l’accès des seniors à la formation et ainsi à l’emploi

Les actifs de 50 ans et plus rencontrent des difficultés spécifiques sur le marché du travail. Leurs chances d’accès et de maintien dans l’emploi sont plus réduites que la moyenne des actifs (risque accru de licenciement, accès plus difficile à l’emploi, chômage de longue durée). Ils sont en effet davantage exposés aux variations du contexte économique qui influent sur l’emploi. En outre, ils sont l’objet de représentations sociales stigmatisantes (manque d’adaptabilité, productivité réduite, surcoût de rémunération, inadaptation au numérique, santé déclinante…).

Dans ce contexte, la formation peut-elle contribuer à réintégrer les seniors dans l’emploi dans un contexte où la durée d’activité s’allonge ?

En l’état, il apparaît que, globalement, le recours à la formation des seniors est freiné par un ensemble de conceptions stéréotypées.

Les seniors expriment souvent des craintes sur leur capacité à suivre une formation, à travailler en collectif, à obtenir un diplôme. Ils manifestent un besoin de formation, courte et concrète, loin des formats académiques qu’ils ont connu en formation initiale, s’interrogent sur le bénéfice de la formation…

De réelles contraintes physiques (handicap, limitations physiques…) peuvent être à l’origine de ce qui est appelé des « freins mentaux« .

La formation doit être abordée, dans cette situation, comme un outil de remise en confiance permettant la valorisation des compétences et des aptitudes. Elle doit s’ancrer dans le réel, au plus près des besoins des entreprises.

Au sein de l’entreprise, la formation des seniors doit s’inscrire dans un cadre global de gestion des compétences, où le besoin de formation est analysé au regard des besoins de l’entreprise.

Attirer les seniors vers la formation nécessite également qu’ils aient connaissance des dispositifs existants qui contribueront à leur réinsertion (Action de formation préalable au recrutement -AFPR-, parcours TPME, Préparation opérationnelle à l’emploi individuelle -POEI-…), mais également que les entreprises, de leur côté, contribuent à leur démarche de réinsertion en mettant en œuvre les moyens pour les accueillir (encadrants dans le cadre d’une Période de mise en situation en milieu professionnel -PMSMP- par exemple).

La formation professionnelle continue : une passerelle contraignante mais indispensable pour l’accès à l’emploi des migrants

Avec l’introduction du Contrat d’intégration républicaine (CIR) en 2016, tout étranger non européen admis au séjour en France souhaitant s’y installer durablement, ayant un niveau de français inférieur au niveau débutant (A1) a pour obligation de suivre des cours de français. Cet élément démontre combien en France, comme dans d’autres pays européens, l’apprentissage de la langue nationale est positionné comme une étape essentielle.

Qu’en est-il du côté des migrants ? Comment cette formation est-elle perçue ?

L’emploi étant le moyen indispensable pour subvenir à leurs besoins, la formation en langue est considérée comme une étape généralement nécessaire mais contraignante pour les migrants. C’est en effet la porte d’entrée souvent unique pour accéder à l’emploi.

Pour l’association La petite école qui accueille une majorité de demandeurs d’asile, il s’agit de donner aux migrants un « kit de survie » de la langue française, qui leur permettra d’accéder rapidement et plus facilement au marché du travail.

La formation étant considérée comme un moyen nécessaire pour accéder à l’emploi, elle, doit, pour rencontrer son public et au-delà des seules notions de français, faire sens aux yeux des migrants. C’est-à-dire contextualiser les apprentissages, avoir un lien concret avec le monde de l’entreprise (alternance, apprentissage…) pour permettre de mieux s’y insérer ou de pérenniser son emploi. Du fait de la situation précaire de ces publics, elle doit également nécessairement assurer un accompagnement global (logement, rémunération, apprentissage des codes sociaux…).

Ce sont ce que déploient les dispositifs Hébergement, orientation, parcours vers l’emploi (Hope), une voix-e vers l’emploi ou les formations de Pôle emploi à destination des migrants autorisés à travailler, qui associent l’apprentissage du français à l’apprentissage d’un métier dans un accompagnement global.

Pour les migrants diplômés ou issus d’un statut social élevé, la formation et l’insertion en France participent d’un parcours de résilience, notamment du fait de la difficulté de reconnaissance des diplômes étrangers qui, pour les cas où elle existe, correspond davantage à une équivalence de niveau pour reprendre ses études qu’à un sésame pour l’insertion professionnelle.

Enfin, pour être accessible aux bénéficiaires qu’elle vise, l’offre de formation doit être visible et lisible aux yeux de ces derniers et ne plus se présenter sous la logique exclusive des financeurs. L’offre de formation étant considérée comme « un maquis« , elle apparaît, en soi, comme un frein à l’accès à la formation pour les bénéficiaires.

Dans un an, le travail d’enquête réalisé au sein d’Informa sera terminé. Le colloque final qui se tiendra au printemps 2020 sera alors l’occasion à partir des résultats des enquêtes scientifiques menées, de discuter les hypothèses et constats émis par les participants aux matinales.


En savoir plus :

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site d’Informa•    Consulter
l’article de présentation d’informa
, publié dans notre lettre en novembre 2018

Cariforef des Pays de la Loire, juin 2019

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