Réforme, formation et emploi dans les métiers du sport et de l’animation en Pays de la Loire
Au moment où s’applique une réforme des diplômes de la filière Jeunesse et Sport, le Cariforef publie, à l’initiative de la Drajes, une étude régionale pour mieux comprendre les transformations à l’œuvre. Croissance des effectifs en formation, dynamiques d’emploi, mutation des métiers : cette analyse apporte un éclairage précieux sur les enjeux actuels du secteur.
Une forte dynamique de formation accompagnée d’une croissance de l’emploi
Au cours des cinq dernières années, les formations de la filière Jeunesse, Éducation Populaire et Sports (BPJEPS, DEJEPS, DESJEPS, CPJEPS) ont connu une forte croissance de leurs effectifs : ils ont plus que doublé.
Cette forte dynamique de formation se conjugue avec des taux d’insertion qui restent globalement élevés. Car sur cette même période, l’emploi dans le secteur a progressé de 14 %. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance :
- une forte augmentation des besoins liés à l’enfance et à la jeunesse en lien avec la démographie,
- une massification et une démocratisation des pratiques sportives,
- les efforts de professionnalisation engagés par le secteur,
- l’évolution des modes d’engagements des bénévoles qui conduisent les clubs et associations à davantage se structurer autour de salariés.
Les forts besoins en emploi génèrent des tensions importantes sur les recrutements, notamment dans l’animation socioculturelle, où deux tiers des employeurs déclarent rencontrer des difficultés. Ces tensions tiennent à la précarité des emplois, à leur saisonnalité, et à la forte rotation des effectifs. Le sport n’est pas épargné : bien qu’un peu moins en tension, il souffre d’un décalage entre les compétences recherchées et le profil des candidats.
+125 %
d’effectifs en formation sur 5 ans
+14 %
d’emplois salariés
50 %
de recrutements jugés difficiles en 2025
Un profil de formés qui évolue, des modalités de formation à adapter
L’attractivité de ces métiers a eu pour effet de faire évoluer les profils des personnes entrant en formation ces dernières années, en particulier pour le BPJEPS (diplôme prédominant en nombre de stagiaire formés). Les entrants sont plus jeunes, souvent peu expérimentés, et attirés par ces métiers sans toujours en maîtriser les réalités, en particulier dans le sport. Si le contenu du BPJEPS n’est pas remis en question, il apparaît aujourd’hui trop juste en qualité et en durée au regard des caractéristiques de ces jeunes.
Le BPJEPS reste cependant pertinent pour des personnes déjà en activité, qui y trouvent un levier d’évolution professionnelle, en particulier dans l’animation. La difficulté réside dans la capacité à former des groupes hétérogènes, mêlant jeunes débutants et professionnels en activité qui n’ont pas les mêmes besoins.
Des métiers qui se transforment
Les métiers eux aussi évoluent, tant par les attentes des professionnels que des publics. Du côté de l’animation, les évolutions sociétales (une pression accrue des parents, une demande d’individualisation plus forte) ainsi que l’émergence de nouvelles problématiques (le genre, l’usage des écrans, la laïcité) impactent les pratiques, poussant les professionnels à intégrer de nouvelles compétences, notamment en médiation, lien social ou soutien à la parentalité. De plus, l’arrivée d’une nouvelle génération de professionnels, moins investie dans un engagement militant et plus en attente d’équilibre entre vie personnelle et professionnelle, oblige les structures à repenser leur fonctionnement.
Les attentes en matière de sport évoluent également. Les pratiques s’orientent de plus en plus vers le sport loisir ou le sport santé avec des demandes de pratiques plus flexibles, dans un contexte de concurrence accrue entre structures pour attirer et fidéliser les adhérents. Dès lors, le profil attendu de l’éducateur sportif évolue : il doit désormais allier encadrement, communication, développement de projets et gestion.
Une réforme qui suscite des interrogations
La réforme du BPJEPS est accueillie de manière mitigée. Si la suppression du module qui portait sur la direction d’un Accueil collectif de mineur est bien perçue car il était un frein à l’obtention du diplôme pour certains jeunes, la réduction du volume horaire en centre (de 600 h à 540 h) est jugée problématique pour des publics nécessitant davantage d’accompagnement.
Le choix de cette réforme est d’aller vers une plus grande polyvalence en supprimant un certain nombre de mentions spécifiques. L’accent est mis sur les compétences transversales, deux blocs de compétences sont communs aux BPJEPS sport et animation, dont un nouveau bloc sur la valorisation des activités et des projets de la structure. Ces choix alimentent le sentiment d’une baisse de spécialisation et de technicité, un constat déjà largement partagé dans le champ sportif. Face à ces manques, les professionnels anticipent le développement de certifications complémentaires pour renforcer les parcours des formés.
Enfin, la question du financement de parcours plus longs reste entière. Et plus largement, dans un contexte général de rigueur budgétaire, les inquiétudes sont vives quant à la pérennité des emplois dans un secteur fortement tributaire des financements publics.
En savoir plus
- Étude – Consultez l’étude complète
- Webinaire – Inscrivez-vous au webinaire de présentation de l’étude le jeudi 26 juin à 9h
- Formation – Retrouvez la liste des formations BPJEPS accessibles en Pays de la Loire