Pour Philippe Dole, « le Conseil en évolution professionnelle est un enjeu considérable »
Lors de la matinée organisée au Mans par le Cafoc et le Carif-Oref sur la réforme de la formation professionnelle 2014, l’intervention de Philippe Dole, inspecteur général des affaires sociales, était attendue. Retour sur ses propos.
« La loi du 5 mars 2014 se recentre sur la personne. Elle fait le pari de la confiance, de l’intelligence des acteurs et de la valeur, c’est un pari de coordination. » L’accent est mis sur la qualification et le principe de convergence entre la démarche de la personne et celle de l’entreprise est clairement posé. La démarche d’évolution du salarié doit se concilier avec l’intérêt de développement de l’entreprise. L’intérêt de l’entreprise est de trouver des salariés performants conduisant à la performance de l’entreprise.
L’entretien tous les deux ans, ainsi que le bilan de carrière avec le salarié tous les six ans doivent être garants de l’évolution de carrière du salarié. Celui-ci bénéficie d’un droit d’initiative en mettant son capital sur la table, via son compte personnel de formation, et l’intérêt de l’entreprise est d’y répondre. Le cadre législatif responsabilise l’entreprise, d’où l’intérêt du dialogue entre salarié et entreprise. Il s’agit bien d’une relation contractuelle.
Le Conseil en évolution professionnelle donne un pouvoir d’initiative à la personne
« Concernant le Conseil en évolution professionnelle (CEP), nous sommes sur un changement de paradigme : on donne à la personne un pouvoir d’initiative, un pouvoir de décision. Pour les demandeurs d’emploi, le système se basait sur une dépendance vis-à-vis de l’offre de formation et un mécanisme de prescription de formation, ça, c’est fini. » Le CEP induit un changement par rapport à la prescription.
Le professionnel qui met en œuvre le CEP assure un acte de co-construction. Les choix finaux doivent être faits par la personne et non pas par le conseiller. « L’objectif de la loi, le sens profond, c’est un droit individuel, dans un environnement solidaire. » La responsabilité collective doit apporter des garanties de qualité, de discernement et de maturation du projet afin que la personne fasse des choix réalistes.
La co-construction remplace la prescription
Autre élément important : le principe de la continuité. Il faut un processus d’information partagée. De nombreux points restent obscurs pour l’usager, par exemple, l’Organisme paritaire collecteur agréé (Opca) dont il dépend, ou bien les délais de réponses des financeurs qui parviennent parfois après le début d’une action de formation. Il faut à présent épargner les étapes complexes à l’usager. Important aussi : le principe de gratuité du CEP.
Le projet de la personne, sa gestion, son assemblage et sa finalisation doivent être co-construits, il n’y a pas de prescription. La notion de projet professionnel peut s’avérer compliquée pour la personne licenciée. Elle doit reprendre confiance, travailler sur l’estime de soi, c’est pourquoi il doit y avoir maintenant recours à des prestations adaptées à la situation des personnes.
On ne partait pas de rien, le Congé individuel de formation (CIF), tout comme la Validation des acquis de l’expérience (VAE), le contrat de sécurisation professionnelle sont des dispositifs qui font appel à l’initiative individuelle et au principe de co-construction. « Le CEP est une nouvelle posture par rapport à la personne, ce qui est recherché, c’est son autonomie. Et c’est un enjeu considérable. »
Lire notre synthèse documentaire Réforme de la formation professionnelle. Des fondements de 1971 à la loi du 5 mars 2014