Former et recruter les publics allophones
Conjuguer la Préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI) à l’apprentissage du français, voilà l’initiative portée par France Travail et le Greta CFA Loire-Atlantique pour former les demandeurs d’emploi allophones et répondre aux besoins de recrutement dans le secteur des services à la personne et du soin. Explications.
Contexte et objectifs du dispositif
La Préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI) est un dispositif de formation préalable à l’emploi, financé par France Travail, afin de faciliter le recrutement de demandeurs d’emploi. Ce dispositif a été adapté sur le bassin de Nantes pour former des publics allophones sur des secteurs en tension.
L’agence France Travail de Rezé et le Greta CFA Loire-Atlantique ont mis en place une formation avant embauche sur mesure, adaptée aux besoins du secteur des services à la personne et du soin, pour l’intégration des publics allophones. Ce parcours prépare aux métiers d’Assistant de vie aux familles (ADVF) et d’Agent de service médicosocial (ASMS).
« Le secteur des services à la personne fait face à des besoins de recrutement importants. Pour y répondre, il est nécessaire de trouver des solutions ensemble, associant les entreprises et les organismes de formation« , témoigne Valérie Laborde, chargée de projets Formation à France Travail. C’est dans ce contexte qu’a été créée la POEI FLE sur le bassin nantais.
Une formation FLE à visée professionnelle
Cette formation Français langue étrangère (FLE) à visée professionnelle s’étend sur 399 heures. Créée par le Greta CFA Loire-Atlantique et financée par France Travail, elle a pour objectif de permettre à des candidats allophones avec un niveau de langue A1 de monter en compétence à l’oral et à l’écrit, en assimilant le vocabulaire spécifique aux métiers et la posture professionnelle.
« Pour ce projet, notre ambition était de limiter au maximum les problématiques de déplacement«
Valérie Labrode, chargée de projets Formation à France Travail
Neuf demandeuses d’emploi ont bénéficié du dispositif. « Pour ce projet, notre ambition était de limiter au maximum les problématiques de déplacement. Les demandeurs d’emploi ont donc été mis en relation avec les entreprises recrutant à proximité de leur domicile« , témoigne Valérie Laborde.
En amont de la formation, les candidates ont pu découvrir le métier et leur futur lieu de stage grâce à une immersion courte (PMSMP). Après une période de 3 semaines en centre de formation, elles ont passé une journée par semaine en entreprise avec un tuteur. De retour en formation, les situations vécues ont été utilisées comme supports d’apprentissage. Le lien entre les stagiaires, le centre de formation et l’entreprise était permanent.
Un accompagnement complet
Le public allophone nécessite un accompagnement en amont, pendant et après la formation. Cette prise en charge complète est essentielle pour garantir le succès du parcours. Le dispositif a été présenté aux entreprises volontaires en insistant sur l’engagement indispensable à l’intégration des futurs salariés en période de tutorat et durant l’embauche effective.
« Il y a un vrai enjeu de continuité de l’intégration au sein de l’entreprise », explique Valérie Laborde. « Les six entreprises volontaires ont toutes joué le jeu. En plus de l’engagement contractuel, elles se sont mobilisées pour éviter l’isolement ou la rupture. »
Bilan et témoignages
La formation a pris fin début mai. À ce jour, huit stagiaires sur neuf ont intégré leur entreprise en contrat d’alternance de 12 mois. L’effet de groupe, la motivation et l’accompagnement ont permis d’atteindre des résultats impressionnants. Les neuf stagiaires, issues d’origines différentes, ont fait des progrès fulgurants en français, tant à l’écrit qu’à l’oral. Le sas de la POEI a été primordial pour l’adaptation aux usages et à la posture professionnelle.
L’une des participantes confie : « Au début de la formation, je ne pensais pas y arriver. Mais j’ai progressé, j’ai découvert le métier d’assistant de vie aux familles. Les stages en entreprise permettent de voir de quoi ont besoin les bénéficiaires. Ils ont besoin de nous, on a besoin d’eux. »
Une autre partage son expérience : « Avant, en arrivant chez une personne pour faire du ménage, s’il y avait un petit mot avec les missions à faire, je prenais une photo que j’envoyais à ma fille pour qu’elle me traduise en portugais. Aujourd’hui, je sais lire seule. »
Enfin, une stagiaire explique l’impact de la formation sur son intégration professionnelle : « En arrivant chez les personnes, grâce à la formation on connaît le matériel qu’elles utilisent et à quoi il sert. On apprend aussi comment se comporter auprès des personnes âgées ou malades. »
La POEI FLE à visée professionnelle est bien plus qu’une simple formation. Elle devient une passerelle vers l’emploi et l’autonomie.