05/10/2024

Agir contre l’illectronisme

En novembre 2021, le Conseil économique social et environnemental des Pays de la Loire publiait son étude présentant un état des lieux de l’illectronisme dans la région et ses préconisations en la matière. Le colloque du 25 novembre 2021 organisé par la Région des Pays de la Loire abordait cette problématique en la confrontant, comme l’a fait le Ceser dans son étude, à l’éducation, la formation, l’orientation et l’accès aux métiers.

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Selon l’Insee, l’illectronisme se définit comme « le fait de ne pas posséder les compétences numériques de base (…) ou de ne pas se servir d’internet (incapacité ou impossibilité matérielle) ». La recherche d’information, la communication, la résolution de problèmes et l’usage de logiciels constituent l’ensemble des compétences numériques de base que l’Insee recense. 

Comme l’illettrisme (la non-maîtrise de la lecture, de l’écriture, du calcul et des compétences de base après scolarisation), l’illectronisme est un facteur d’exclusion car les deux états sont liés : une personne en situation d’illettrisme a un fort risque d’être également « illectroniste« .

Les deux situations engendrent également une inégalité d’accès aux droits. Le Ceser pointe, à ce titre « un risque de rupture d’égalité des citoyens devant leurs droits ».

13 % de la population ligérienne et un halo plus large, renforcé par des fractures

L’illectronisme touche, dans les Pays de la Loire, 13 % de la population, contre 17 % au niveau national. Il existe, en outre, un « halo » de personnes partiellement « illectronistes » dans lequel figurent les « abandonnistes », décrocheurs du numérique. Ceux-ci représentent un tiers des français.

L’illectronisme met en exergue trois niveaux de fractures : générationnelle, socio-économique et géographique. « Les personnes qui rencontrent le plus de difficultés sont les plus âgés, de catégories socio-professionnelles modestes ou habitant en zones rurales« .

Pour autant, les jeunes, dits « digital natives » (car nés en même temps que les outils digitaux), ne sont pas épargnés. Ils peuvent en effet rencontrer des difficultés à réaliser des tâches facilitant l’accès à l’éducation, la formation ou l’emploi.

De même, l’absence de diplôme et la pauvreté sont des facteurs de risques supplémentaires. 

Enfin, le manque d’équipement numérique et la présence de zones blanches contribuent à cette fracture territoriale. La crise du Covid a aggravé ces fragilités.

Un enjeu devenu structurel et une dynamique de lutte à construire

Avec l’évolution des usages, le numérique, qui était jusque-là une problématique conjoncturelle, est devenu un enjeu structurel dont l’accompagnement nécessite d’être pérennisé auprès de tous. Car l’illectronisme, partiel ou total peut toucher chaque individu.

Pourtant, selon le Ceser, la lutte contre l’illectronisme a jusque-là manqué d’un cadre clair et durable. Les plans, programmes et dispositifs se sont succédés. Ainsi, deux outils de diagnostic et d’évaluation des compétences numériques cohabitent (Pix et Cléa numérique) et de multiples acteurs agissent au quotidien pour l’inclusion numérique. 

Pour organiser efficacement la lutte contre l’illectronisme, le Ceser préconise de recenser les acteurs qui effectivement agissent dans ce sens et de réaliser un diagnostic régional pour adapter les initiatives, en faisant de la Région le coordinateur de cette démarche. Cet engagement doit également passer par une valorisation du métier de médiateur numérique, par le déploiement des tiers lieux et par la mise à disposition de matériels pour les lycéens et les stagiaires « illectronistes« . 

En outre, les contenus et l’utilisation des outils numériques doivent être repensés pour s’adapter à l’expérience utilisateur des « illectronistes » et ainsi rendre ces ressources accessibles au plus grand nombre.

Préconisations du Ceser pour l’éducation et l’orientation, la formation professionnelle continue et l’environnement de travail

En matière d’éducation et d’orientation, au-delà des problématiques d’accès à l’équipement, l’enjeu de l’illectronisme porte, selon le Ceser, sur le gain d’autonomie des jeunes, sur la construction de leur esprit critique pour en faire des citoyens éclairés et sur l’insertion dans l’emploi. Cette démarche doit également inclure l’environnement proche des jeunes (parents et enseignants). 

En ce qui concerne la formation professionnelle continue et l’apprentissage, le virage du numérique touche à la fois l’ingénierie de formation et le formateur lui-même. Dans l’action de formation devenue à distance ou mixte (blended learning), il s’agit d’identifier les apprenants « illectronistes » et de les accompagner spécifiquement, d’adapter les outils numériques aux stagiaires et d’intégrer l’accompagnement numérique dans l’accompagnement global du projet de formation.

Enfin, la numérisation de la vie professionnelle exige de tous une adaptation et génère des difficultés pour les personnes en situation d’illectronisme. En recherche d’emploi, l’illectronisme engendre inégalités et exclusions. Dans l’entreprise, la numérisation de l’environnement de travail s’accélère et impacte, au-delà des missions mêmes du salarié, jusque dans sa vie quotidienne au sein de la structure. Pour autant, l’illectronisme total ou partiel est difficile à identifier. Pour le Ceser, il est important, notamment, de sensibiliser les entreprises, de les aider dans leur démarche de lutte, de développer, au sein de leurs structures, du tutorat entre pairs…

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 Cariforef des Pays de la Loire, décembre 2021

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