Rencontre avec une architecte accompagnatrice de parcours



Avec la nouvelle VAE, apparaît un nouveau rôle : celui d’Architecte accompagnateur de parcours, ou AAP pour les initiés. Quelles sont ses missions ? et en quoi se distingue-t-il de la précédente notion d’accompagnateur VAE ? Marie-Noëlle Guinaudeau, qui exerce ce nouveau rôle en Pays de la Loire, nous explique.

Je travaille depuis plus d'une vingtaine d'années au sein du CIBC Pays de la Loire, qui est un centre de bilan de compétences, et qui œuvre depuis tout ce temps-là dans la valorisation des compétences, mais aussi dans l'accompagnement VAE.

Depuis 2003, le CIBC était aussi engagé auprès de la Région pour une mission qui s'intitulait au départ "Personnes ressources VAE", dont j’ai fait partie, et qui, depuis quelques années, s'est transformée en conseil expert VAE. Donc je suis conseillère experte VAE pour le département de la Vendée et en binôme sur le Maine-et-Loire. Le CIBC Pays de la Loire a aussi contribué dans sa phase expérimentale au lancement de la réforme VAE en 2022, même si ça s'est très peu développé en Pays à Loire mais on a quand même été un peu pilote dans tout ça. Et récemment, on est deux collègues du CIBC à intervenir dans le cadre d’un projet Deffinum pour le e-VAE, c 'est-à-dire développer des outils de digitalisation pour l'accompagnement des personnes en démarche de VAE.

En quoi consiste la fonction d’Architecte accompagnateur de parcours ?

C'est une nouvelle fonction qui permet au candidat d'avoir dès le départ un accompagnement un peu plus personnalisé dans le but de le sécuriser. Il joue ce rôle facilitateur auprès du candidat avec pour objectif de construire, ou de co-construire, un parcours qui est donc adapté à sa situation.

Pouvez-vous nous dire comment ça se concrétise ?

Matériellement, on va prendre appui sur un support qu'on appelle un dossier de faisabilité qu'on a constitué avec le candidat et sur lequel on va indiquer les missions qu’il a pu réaliser toujours en regard du référentiel du diplôme, pointer aussi les compétences déjà un peu mobilisées ou, en tout cas, l'aider à se positionner sur le référentiel. Alors, même si c'est un référentiel qui manque un peu de nuance, l'objectif est quand même d'apporter des commentaires sur chaque bloc de compétences pour permettre à la personne qui va instruire le dossier d’identifier dans quel contexte cela s'est produit et de repérer vraiment les missions qui ont été menées par la personne.

Toujours en lien avec ce dossier-là, notre rôle, c'est de prévoir un petit peu l’ingénierie de formation, c'est-à-dire que si on repère des manques, on peut proposer à la personne quelques actes formatifs. Certains sont obligatoires comme, par exemple, l‘AFGSU pour aide-soignant ou auxiliaire de puériculture, mais ça peut être aussi des formations de remise à niveaux en Word, en Excel ou en français pour d'autres personnes. 

Donc c'est notre rôle que d'envisager tout ça et de prévoir un temps d'accompagnement qui peut aller jusqu'à maxi 30 heures en individuel, 20 heures en collectif, pour sécuriser le parcours du candidat et faire en sorte qu'il aille jusqu'au bout et qu'il se sente bien encadré ou bien pris en charge.

Qu’est-ce que cette nouvelle fonction ajoute à la précédente notion d’accompagnateur VAE ?

Aujourd’hui, le fait d’intervenir en amont, ça sécurise vraiment le parcours pour le candidat, et pour nous, ça nous amène aussi à travailler en étroite collaboration avec les certificateurs. On est souvent en relation pour des précisions, pour vraiment permettre aux candidats de répondre au mieux à ce qui est demandé par le certificateur. Donc on a ce rôle de facilitateur et de médiation. Et on est aussi en relation quelquefois avec les centres de formation quand il s'agit de prévoir des actes de formation complémentaires.  

Certaines personnes ou des structures pourraient être intéressées. Quels conseils leur donneriez-vous ?

Un, de s'assurer que le choix de la certification qu'a fait le candidat, c'est le bon choix. Et donc ça, ça passe par un questionnement, par un entretien d'explicitation. C'est aussi, bien sûr, bien lire les référentiels. Alors, sur le dossier de faisabilité, on a des blocs de compétences, mais ce n'est peut-être pas suffisant. Peut-être qu'il faut aussi, en amont, aller consulter, sur chaque site des certificateurs, le contenu complet du référentiel pour mieux se l'approprier, et justement questionner la personne plus à fond sur certaines missions, par exemple.

Il y a aussi le fait de pouvoir évaluer, ce qui n'est pas toujours simple à faire, le degré d'autonomie de la personne, parce qu'on doit préconiser un nombre d'heures d'accompagnement. Et donc, c'est important de savoir si la personne va pouvoir être assez autonome dans la structuration de ses idées, par exemple. Ce n'est pas quelque chose qu’on peut toujours repérer en amont.

Et puis aussi, ce qui est important en tant qu'AAP, c'est bien sûr de suivre la procédure, qui est en même temps simplifiée sur la plateforme, mais ça suppose quand même d'être en veille tout le temps, et d'avancer progressivement, et d'informer le candidat sur ce qui se fait.  

Pour finir, pourriez-vous nous partager vos premiers retours d'expérience ?  

J'ai actuellement deux personnes avec lesquelles j'ai commencé en janvier. Je pense à une pour un diplôme d'aide-soignante et une autre pour un diplôme d’auxiliaire puériculture qui finalisent dans les semaines à venir. Donc, on pourra comme ça déposer le dossier auprès de la Dreets courant juin. Ça fait six mois à peu près. On compte six mois d'accompagnement à partir du dossier de faisabilité.

Finalement, la fonction d’AAP réduit le temps de la démarche.

En tout cas, ça déleste le candidat des démarches administratives, parce que c'est nous qui nous en chargeons. Ça balise le terrain, la procédure. Et après, c'est aussi une histoire d'engagement et de rythme à respecter. Dans l'idéal, c'est vrai que d'avoir une récurrence dans les rendez-vous, ça permet vraiment d'avancer, de progresser. Et je pense que six mois, c'est tout à fait possible d'obtenir une certification.

 

Cariforef des Pays de la Loire, mai 2024