Les nouveaux métiers de l’éco-construction



Face aux défis climatique et énergétique, le secteur du bâtiment se réinvente. Résultat : les métiers évoluent. Frantz Daniaud, chargé de mission au centre de formation en éco-construction Noria & Compagnie à Saint-Nicolas-de-Redon, nous explique les enjeux de cette transition à travers l’exemple du métier de maçon terre crue.

 

Une évolution des pratiques

En France, le secteur du bâtiment représente à lui seul près de 45 % des consommations énergétiques et 24 % des émissions de gaz à effet de serre. Pour répondre au défi de la transition énergétique, la nouvelle réglementation environnementale (RE2020) incite la filière à transformer progressivement ses techniques de construction. De nouvelles normes apparaissent, qui nécessitent des formations initiales et professionnelles continues actualisées.

Frantz Daniaud, chargé de mission au centre de formation en éco-construction Noria & Compagnie , explique : "Aujourd’hui, les enjeux sont très forts autour de la rénovation. Il devient fondamental d’avoir les compétences requises pour développer des constructions durables. Une nouvelle culture du BTP est en train de naître."

 

Retour à la terre

"Pour répondre aux enjeux de décarbonation, l’usage de la terre revient sur le devant de la scène. Jusque-là consacrée à la restauration du patrimoine, elle est devenue depuis plusieurs années un élément constructif à part entière, à la fois dans la rénovation et dans la construction neuve. À Redon, par exemple, une école primaire va être construite entièrement en terre crue."

"La terre présente plusieurs avantages : elle apporte des solutions d’isolation et d’amélioration de confort ; elle ne contient pas de polluants et garantit une meilleure qualité d’air ; et surtout elle est utilisable à l’infini et peut être facilement remise en œuvre sur un autre chantier. C’est le grand champion des matériaux à faible impact carbone."

Ce retour à la terre voit se développer le métier de maçon terre crue, qui maîtrise l’alliance entre la terre, le bois, les fibres, et l’ensemble des techniques de mise en œuvre (pour le gros œuvre, l’isolation, le cloisonnement, les enduits de finition).

 

De nouveaux profils

"Parmi les profils qui se forment à ce métier, on retrouve bien sûr des personnes issues du bâtiment qui souhaitent transformer leur pratique, mais aussi des personnes en reconversion qui ont participé à un chantier solidaire et veulent consolider leurs connaissances."

"L’évolution des métiers du bâtiment vers une pratique plus artisanale et durable s’accompagne d’un changement des profils professionnels. Le rapport très sensible à la terre séduit. On observe une féminisation importante de la profession, même si le métier de maçon terre crue reste physique."

 

Des compétences recherchées

Pour répondre à la demande accrue de spécialistes de l’éco-construction, il existe aujourd’hui des certifications avec formation longue, telle que "Maçonnerie Terre Crue" (titre de niveau 3 de Noria & Compagnie) ou "Ouvrier professionnel en éco-construction" (titre de niveau 3 de la Fédération Écoconstruire). Les formations généralistes commencent également à intégrer la terre dans le référentiel des compétences (c’est le cas du CAP Maçon).

"De manière générale, la maîtrise des matériaux biosourcés est devenue une compétence recherchée en complément des autres techniques. De plus en plus de professionnels du secteur (architectes, maîtres d’œuvre…) souhaitent comprendre comment ça marche et se forment pour ne pas faire d’erreurs techniques. Une offre de formation courte , éligible au CPF, est en train de se développer autour de ces différents métiers. Pour participer à la transition écologique, il est important que l’acculturation aux matériaux naturels soit commune à l’ensemble des acteurs de la chaîne du bâtiment. Une montée en compétences bénéfique pour tous !"

 

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Cariforef des Pays de la Loire, janvier 2023