Encourager la mixité des métiers et l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes fait partie des 14 missions assignées aux CFA. Comment y travailler à l’heure où l’apprentissage reste majoritairement masculin ? Deux webinaires organisés par le Réseau des Cariforef ont présenté des pistes : adapter les supports pédagogiques, la communication…
Les Pays de la Loire n’échappent pas au constat général : les femmes continuent de se concentrer sur certains métiers et sont presque totalement absentes d'autres professions. D’après les derniers chiffres, les femmes apprenties de la région sont surtout présentes dans les métiers du commerce et de la vente ; la santé, l'action sociale et le service à la personne ; et l'administration-gestion. Elles se concentrent sur 3 domaines quand les hommes dominent dans le BTP, l'installation-maintenance, la production alimentaire et culinaire, l'agriculture, le commerce et la vente.
Cette concentration inégale souligne la nécessité de promouvoir une représentation plus équitable des genres au sein des différentes filières. D’autant que la mixité favorise la performance, comme le révèle une étude menée par Sodexo au sein de ses équipes.
On considère un établissement comme "mixte" lorsque la part des contrats occupés par chacun des deux sexes est comprise entre 40 et 60 %. Les chiffres actuels montrent une répartition encore inégale entre hommes et femmes chez les apprentis. Leur profil reste majoritairement masculin.
En 2021, on comptait 55 % d’hommes en contrat d’apprentissage. Mais leur part tend à reculer. Avec le développement de l’apprentissage dans le tertiaire, les jeunes femmes sont plus nombreuses à choisir cette voie. D’autres secteurs s’ouvrent aussi davantage aux femmes, à l’exemple du BTP qui comptait 11 % d’apprenties en 2021. Autant d’indices qui traduisent une évolution lente mais progressive.
Les stéréotypes de genre persistent dans le domaine de l'apprentissage, contribuant aux disparités observées. L'interprétation genrée des compétences, selon laquelle les garçons ont des aptitudes pour les maths tandis que les filles sont plus littéraires, en est un exemple concret. Même s’il est inconscient, l'impact de ce stéréotype est réel. Pour preuve, les croyances limitantes telles que "Je ne suis pas capable de..." ou "Je n'oserai jamais..." sont encore extrêmement présentes chez les femmes. Dans l’ouvrage de Florence Pagneux, Ce que nos filles ont à nous dire, 58 % des jeunes filles disent qu’elles ne vont pas exercer le métier qu’elles ont réellement envie de faire. Stéréotype, préjugé, discrimination : ce cercle vicieux entrave le libre choix d’orientation et la mixité.
| Naomi Marie-Sainte est venue témoigner pendant le premier webinaire, organisé par le Carif-Oref de la Martinique. Elle a arrêté ses études à 17 ans alors qu’elle était enceinte. Elle a souhaité se diriger vers le secteur automobile à sa reprise de parcours. Au début, personne ne la soutenait. Son entourage a rigolé. On lui disait que ce n’était pas pour les femmes. Après un bac professionnel Carrossier, elle est aujourd’hui apprentie en BTS Maintenance des véhicules et rêve d’ouvrir son propre garage. Son conseil : ne pas se laisser parasiter et persévérer. |
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Afin de favoriser une mixité plus équilibrée dans l'apprentissage, les CFA peuvent mettre en œuvre diverses actions :
En adoptant ces actions, les CFA peuvent jouer un rôle majeur dans la promotion de la mixité et contribuer non seulement à la diversification des secteurs professionnels, mais aussi à la construction d'une société plus équitable.
Cariforef des Pays de la Loire, novembre 2023