Lu pour vous : L’emploi et le territoire : comment influer sur la mobilité pour favoriser l’emploi ?



Dans l’ouvrage de Thomas Delemotte, Francis Kramarz et Benoît Schmutz intitulé "L’emploi et le territoire", les auteurs interrogent les facteurs d’influence de la mobilité (ou de la non-mobilité) des travailleurs et des entreprises sur le territoire en s’appuyant sur le résultat d’études sociologiques variées.

lu pour vous : comment influer sur la mobilité pour favoriser l’emploi ?

  

En 2018, 80 % de la population est urbaine. Selon le recensement de 2016, un tiers des actifs en emploi vivent et travaillent dans deux communes différentes. L’exode rural, l’étalement urbain et le développement de la voiture individuelle ont contribué à cet état de fait.

 

Concurrence d’espace

Cette situation génère un problème de concurrence d’espace entre les ménages et les entreprises. Elle contribue à fragmenter des territoires, voisins géographiquement mais opposés en termes de taux de chômage et d’appareil productif.

Pourtant les intérêts et les contraintes divergent entre les entreprises et les ménages et ceux-ci peuvent s’opposer sur un même territoire.

 

L’implantation : des intérêts divergents parfois en confrontation

Pour leur installation, les ménages prennent en compte l’offre de logements, l’accès aux transports, les services et les commerces ainsi que les aménités.

Les entreprises, elles, décident de leur implantation en fonction de leur secteur d’activité (nécessitant de l’espace ou non), des types d’activité au sein même de l’entreprise (production, services internes à l’entreprise et management peuvent être séparés), l’existence ou non de succursales et procèdent à un arbitrage entre les effets d’agglomération (économie de partage, appariement, création et diffusion des savoirs entre pairs) et les coûts de gestion.

 

La mobilité géographique : un choix risqué

Globalement, la mobilité géographique des ménages constitue un choix contraint car elle s'accompagne d'un ensemble de risques élevés de pertes en capital financier, social, humain et en aménités. En outre, l’accès limité à l’information sur la situation et l’environnement de l’emploi dans le territoire visé dans le cadre la mobilité renforce leur frilosité.

 

Des mesures incitatives aux effets limités

L’analyse des politiques incitatives menées dans divers domaines (logement, facilitation de la mobilité du quotidien, liaison entre indemnisation chômage et mobilité, politiques locales de développement telles que les zones franches, les emplois francs, les innovations urbaines...) montre des effets limités sur la mobilité géographique des ménages.

 

Solutions alternatives

Pour les auteurs, plusieurs facteurs pourraient influer sur la mobilité des salariés : rendre l'habitat plus flexible pour l'adapter aux évolutions du marché du travail, apporter une aide massive au déménagement (pour contrebalancer les risques identifiés) et favoriser la mobilité partagée (covoiturage...).

Le télétravail, introduit massivement lors du confinement du printemps 2020, peut lui aussi favoriser la mobilité et permettre potentiellement un éloignement des villes (bien qu’il ne concerne qu'une petite part des métiers).

 

Pour aller plus loin

   

Cariforef des Pays de la Loire, novembre 2021