Grenelle de l'apprentissage : 4 ateliers pour avancer



C’est autour de 4 questions que se sont déroulés les ateliers du Grenelle régional de l’apprentissage. Et à chaque question, son sujet. Retour atelier par atelier.

 

 

Et si on écoutait les entreprises ?

 

Un pâtissier explique que malgré les difficultés, il continue à recruter en apprentissage. « L’apprentissage, c’est mon ADN », précise-t-il.

Les primes pour l’apprentissage, c’est bien, mais ce n’est pas une récompense. C’est la juste compensation du temps que l’entrepreneur passe à former, une indemnité compensatrice.

Pour les TPE/PME, c’est un devoir d’accompagner. Le rôle social de l’entreprise est réel, à condition d’aider à la formation des maîtres d’apprentissage.

Christelle Morançais, vice-présidente du Conseil régional en charge de la formation et de l’apprentissage, explique qu’au-delà du déficit d’image, il y a un réel déficit d’information. Les grosses entreprises ont leur service, mais pas les petites. Il faut pallier ce manque.

Et les intervenants d’évoquer quelques pistes : que l’apprentissage soit inclus dans les clauses d’insertion des marchés publics, la promotion de l’apprentissage par les apprentis eux-mêmes, la simplification des réglementations…

 

Un outil de réussite pour tous ?

 

Dans l’esprit de tous, l'apprentissage est trop réduit à certains publics, certains métiers et certains niveaux. Pour exemple, les formations d’ingénieur en grande école ou en université, proposées en apprentissage offrent une véritable formation d’excellence identique à la qualité dispensée en formation initiale.

Axel, apprenti BTS dans un bureau d’études, témoigne de l’intérêt de l’alternance. Il est séduit par le rythme de l'alternance, reconnaît que l’effort demandé est soutenu. Il n’est pas indifférent à la rémunération, gage d’indépendance.

Pour faire connaître l’apprentissage et casser les images stéréotypées, il faut faire découvrir les métiers et surtout la diversité des filières. Des propositions de sas de découverte et rencontres avec des professionnels sont évoquées. De même, une ouverture des Olympiades à tous les métiers autres que manuels est évoquée.

La prévention du décrochage scolaire est primordiale mais pour les jeunes décrocheurs du système scolaire, l’entrée en apprentissage n’est pas une évidence, malgré un travail étroit avec Pôle emploi et les missions locales.

Enfin, pour les personnes en situation de handicap, l’apprentissage reste une véritable voie de formation. Des personnes-ressources dans les CFA comme des coordonnateurs départementaux accompagnent les jeunes.

 

Apprentis : mieux les accompagner, mieux les valoriser ?

 

L’accompagnement est tout autant assuré par les parents, les équipes pédagogiques et le maître d’apprentissage. C’est le collectif autour du jeune qui permet la réussite.

« L’alternance, c’est la pédagogie de la rencontre », entend-on. La réussite de l’apprentissage passe bien par la qualité de l’accueil. Elle passe aussi par la formation des tuteurs et la valorisation des maîtres d’apprentissage. Sans médiation pilotée, délocalisée au plus près du terrain, pas de réussite.

Beau mot que celui de « accompagnonage », qui renvoie tout autant à des valeurs qu’à des droits et devoirs.

Dans cet accompagnement, la problématique de la mobilité (transport et logement) doit aussi être prise en compte. Parfois le choix du lieu d’apprentissage se fait par défaut : je vais à côté de chez moi. Différentes expériences d’accueil sur les territoires sont présentées, qui méritent d’être valorisées et étendues.

À l’échelle européenne, l’Erasmus des apprentis, présenté par le sénateur Jean Arthuis est mis en avant. Malgré les diversités réglementaires, il faut parvenir à terme à un cadre unique de l’apprentissage en Europe.

Enfin, le meilleur vecteur de valorisation de l’apprentissage reste l’apprenti lui-même. La notion d’ « ambassadeur de l’apprentissage » est abordée.

 

Comment faire évoluer la carte des formations ?

 

C’est un enjeu fort pour les entreprises, les territoires et les CFA. Cela se construit dans la concertation et dans le temps. Il faut environ 18 mois pour élaborer une carte des formations de l’apprentissage qui prennent en compte les différents besoins.

Il s’agit d’une co-construction entre les instances académiques et la Région en lien avec les branches professionnelles. Chaque année, des ajustements sont réalisés, car il y a nécessité de le faire évoluer de façon permanente et de savoir en même temps répondre aux urgences.

La mise en œuvre de la carte des formations demande un pilotage par l’évaluation, c'est-à-dire le taux d’insertion en emploi à l’issue d’une formation.

L’enquête Insertion pour les apprentis (IPA) réalisée chaque année par le Rectorat donne quelques pistes, mais ce n’est qu’une photographie de l’insertion des apprentis à 6 mois. Il manque une véritable analyse des trajectoires des parcours d’apprentis.

Les outils d’analyse demandent donc à être améliorés pour mieux territorialiser les besoins et mieux informer les jeunes sur les perspectives d’emploi.

Quelques pistes également évoquées dans l’atelier : ouvrir davantage de certifications à l’apprentissage, délocaliser les CFA hors les murs au plus près des besoins locaux, introduire la formation à distance, organiser l’implication des professionnels et des partenaires sociaux dans la construction de la carte des formations…

 

 

En savoir plus :

Grenelle de l'apprentissage : la Région s'engage

Grenelle de l'apprentissage : les chiffres en images

 

Carif-Oref des Pays de la Loire, mars 2016 (MAJ 03/2021)