O2R : un camping-car pour aller vers les jeunes ruraux
En Vendée, le centre socioculturel Le Kiosque sillonne les routes pour repérer et remobiliser les jeunes éloignés de l’emploi. Lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt « Offre de repérage et de remobilisation » (O2R), il mise sur la proximité, l’écoute et des ateliers innovants pour redonner confiance et ouvrir des perspectives.
Lauréat de l’Appel à manifestation d’intérêt « Offre de repérage et de remobilisation » (AMI O2R) en Pays de la Loire, le Centre socioculturel Le Kiosque déploie depuis le début de l’année le projet « Oser Bouger » pour soutenir les jeunes ruraux éloignés de l’emploi. Entre camping-car itinérant, ateliers collectifs et accompagnement individualisé, l’équipe mise sur la proximité et l’innovation sociale pour redonner confiance et ouvrir des perspectives.
Les acteurs du projet, Katia Sire, directrice du centre, Angélique Ribreau, animatrice numérique, et Aurélien Vasquez Suarez, référent Jeunesse, nous détaillent leurs initiatives.
Qu’est-ce qui vous a conduit à rejoindre l’appel à manifestation d’intérêt O2R ?
Centre Le Kiosque : Nous avions déjà expérimenté par le passé un accompagnement de jeunes dits « invisibles » en partenariat avec la Mission locale. Pour aller plus loin, il nous fallait des financements pérennes et une reconnaissance institutionnelle. L’AMI O2R nous apporte trois années de conventionnement : un vrai soutien pour structurer l’action, évaluer nos pratiques et démontrer notre rôle d’acteur clé du repérage et de la remobilisation en milieu rural.
Quel public visez-vous avec le projet « Oser Bouger » ?
Nous ciblons en priorité les jeunes de moins de 26 ans vivant dans une Zone de revitalisation rurale (ZRR), sur la Communauté de communes Vendée Sèvre Autise. Beaucoup sont peu ou pas diplômés, certains n’ont que le brevet des collèges, et rencontrent de fortes difficultés pour accéder à l’emploi ou à la formation. Si le projet reste ouvert à tous, notre première cohorte comptait essentiellement des jeunes en rupture, parfois totalement décrochés de tout accompagnement.
Comment repérez-vous et allez-vous vers ces jeunes ?
Le camping-car itinérant est notre outil phare : tous les quinze jours, notre équipe se déplace dans les communes (Benet, Vix…), souvent en binôme avec la référente famille ou la conseillère de la Mission locale. Nous stationnons près des épiceries solidaires, city-parks, salles de sport ou autres lieux où les habitants se retrouvent. L’ambiance est conviviale – transats, table, espace d’accueil – pour inciter à l’échange sans la barrière d’un bureau.
Pour optimiser le repérage, nous actionnons d’autres leviers :
- Le diagnostic territorial : nous analysons les données de population, identifions les villages où la jeunesse est la plus présente et coordonnons avec les CCAS et les assistantes sociales afin de cibler les zones pertinentes.
- Le Relais Info Jeunes et des opérations comme « Débarque sur ta commune » pendant les vacances, toujours avec notre camping-car, permettent de multiplier les occasions de rencontre.
- Une communication adaptée : newsletters, site internet, flyers distribués dans les paniers des épiceries, diffusion dans les bulletins municipaux… tout est pensé pour toucher les familles comme les jeunes, y compris ceux qui ne fréquentent pas les structures d’insertion classiques.
Cette approche mobile et souple lève de nombreux freins : il est bien plus facile pour un jeune isolé d’entrer dans un camping-car accueillant que de franchir la porte d’une mairie ou d’un organisme institutionnel.
Quels types d’actions de remobilisation proposez-vous ?
La remobilisation est conçue comme un parcours complet, combinant accompagnement individuel, ateliers collectifs et immersion dans le tissu local. Elle s’organise selon les modalités suivantes :
- Un diagnostic personnalisé : dès l’entrée, nous réalisons un entretien approfondi et un questionnaire pour identifier besoins et freins (santé, mobilité, droits, estime de soi, etc.). Un bilan final mesure les évolutions.
- Des ateliers collectifs de confiance en soi : relaxation, écoute corporelle, jeux de coopération, socio-esthétique (colorimétrie, soins, conseils d’image). Ces moments restaurent l’estime de soi et facilitent la prise de parole, essentielle pour un entretien d’embauche.
- Des ateliers d’accès aux droits et à la santé : accompagnement pour les démarches administratives (carte vitale, carte d’identité, assurances), bilans de santé avec la CPAM, soutien face au désert médical.
- Des rendez-vous de préparation à l’emploi : ateliers CV, lettres de motivation, simulation d’entretien animés par la Mission locale ou France Travail, avec présence constante d’un salarié du Kiosque pour créer du lien.
- Le développement de compétences pratiques : initiation ou perfectionnement numérique, formation babysitting et premiers secours, stages ou immersions en entreprise.
- Des aides liées à la mobilité, essentielle dans notre contexte rural : activation de la plateforme K-Mobilité (auto-école sociale, location de voiture, scooter ou vélo électrique).
Cette combinaison d’actions vise autant le retour à l’emploi ou à la formation que la reconstruction personnelle : retrouver une posture d’acteur, se sentir « citoyen », et reprendre confiance dans ses capacités à avancer.
Quels défis identifiez-vous pour la suite ?
Nous voulons renforcer nos liens avec les entreprises locales afin d’offrir davantage de stages et d’opportunités d’emploi, voire constituer à terme un consortium avec d’autres structures du territoire.
Il reste aussi à fluidifier la coopération avec France Travail et à mieux prendre en compte des problématiques comme la santé mentale ou certaines situations de handicap.
Notre ambition est claire : que chaque participant reparte avec une expérience ou une orientation concrète – emploi, formation, service civique – et puisse réellement transformer ce parcours en tremplin vers l’insertion.
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