Réécouter : "Le travail au XXIe siècle : miroir des sociétés futures"



Prendre du recul et de la hauteur pour réfléchir. C’est ce que nous propose l’émission en quatre volets de France culture diffusée en avril intitulée "Le travail au XXIe siècle : miroir des sociétés futures". Comment se profile l’avenir du travail au moment où il est engagé dans de profondes transformations ? Quelle place aura-t-il dans nos vies ? Quels impacts l’évolution du travail aura-t-elle sur notre société ?

   

Au travers d’une série de quatre entretiens avec des spécialistes (politologue, sociologues, économistes, syndicaliste), l’émission donne à découvrir les mutations du travail et les conséquences qui en découlent sur le fonctionnement de la société et les enjeux à venir.

 

La digitalisation : vecteur profond de mutation du travail

Si elle apparaît en grande majorité pour le grand public comme vecteur de transformation des métiers, la digitalisation n’est pas perçue comme un concurrent direct de l’humain mais comme une cause de modifications profondes d’un monde du travail.

Car il porte en lui une ambivalence.

D’un côté, la capacité à nous libérer des tâches pénibles physiquement et l’invitation à revoir l’organisation du travail pour la concevoir plus agile, plus fluide et plus horizontale.

De l’autre, l’apparition d’une pénibilité psychique liée au stress, à la perte d’autonomie et aux pratiques néo-tayloriennes pour les moins qualifiés, tandis que les plus qualifiés bénéficient globalement d’un travail plus autonome et plus inventif.

Par ailleurs, récemment, en matière d’inégalités hommes-femmes, certaines professions, occupées majoritairement par des hommes (emplois de l’industrie par exemple) ont davantage pâti des délocalisations, de la crise économique de 2008 et de la digitalisation. Parallèlement, l’accès au travail des femmes a progressé. Pour autant, les inégalités salariales persistent.

 

Un modèle de protection à réviser

Les inégalités se creusent entre les travailleurs les plus qualifiés et ceux qui le sont moins. D’un côté, ceux qui accèdent davantage que les autres à des emplois protégés, durables et mieux rémunérés (CDI). De l’autre, les travailleurs les moins qualifiés, plus sujets aux ruptures de parcours et pour lesquels le système de protection n’est plus adapté.

Ainsi, les contrats aidés, loin de permettre la réinsertion pérenne, élargissent le spectre des formes particulières d’emploi sans permettre l’accès à un emploi décent.

Globalement, s’il est affaibli par la tendance générale à l’individualisation, le modèle de solidarité (protection sociale, protection statutaire), reste, en l’absence d’autre modèle plus adapté, la référence. Parce qu’il est basé sur des fonctionnements qui deviennent obsolètes (le CDI et la reconnaissance collective comme normes, le parcours continu dans l’emploi), il génère, par lui-même, de la souffrance pour ceux qui n’en bénéficient pas.

Les nouvelles générations, confrontées dès leurs débuts à une insertion plus compliquée, interrogent ce fonctionnement en exprimant un besoin de sens dans leur travail, en recherchant l’équilibre entre travail et vie personnelle, en acceptant une potentielle instabilité professionnelle en échange d’un emploi de qualité.

 

S’adapter en continu et se distinguer des tâches digitalisables

Pour faire face à ces enjeux qui bouleversent profondément le monde du travail, il s’agit d’engager une réforme systémique, intégrant une prise en compte positive des transitions (liées à la vie personnelle et à la vie professionnelle). Par ailleurs, il apparaît fondamental d’investir dans la formation initiale et continue en intégrant tous les publics, pour permettre l’adaptation continue de l’ensemble des actifs. Enfin, parce qu’ils nous distinguent des machines, et qu’ils constituent un atout non reproductible, les savoir-être doivent être mieux reconnus et mieux pris en compte sur le marché du travail (salaire, statut social). 

 

Réécouter
La série de quatre émissions "Le travail au XXIe siecle : miroir des sociétés futures ?" diffusée entre le 15 et le 18 avril 2019 sur France culture.

 

 

Cariforef des Pays de la Loire, août 2019

Quelques références bibliographiques disponibles au centre de ressources

(liste non exhaustive)