Quels sont les effets qualitatifs du passage en formation pour des jeunes sans diplôme sur la sécurisation de leur parcours professionnel et leurs trajectoires de vies ? La Maison des sciences de l'homme (MSH) Ange Guépin de Nantes a conduit une étude auprès de jeunes de 18 à 30 ans.
Les dispositifs de formation pour les jeunes peu ou pas qualifiés sont souvent évalués à travers des critères seulement quantitatifs comme le taux d’accès à l’emploi ou à une formation qualifiante. Pourtant une partie des actions éducatives conduites au sein de ces dispositifs permettent de lever des freins périphériques à l’insertion socioprofessionnelle.
La Maison des sciences de l'homme (MSH) Ange Guépin de Nantes a mené l’enquête auprès d’une trentaine de jeunes de l'École de la deuxième chance de l'Estuaire de la Loire, du Service d'insertion professionnelle de la Chambre des métiers et de l'artisanat de Loire-Atlantique et de l'organisme Espaces formation qui travaille en partenariat avec le plateau technique de la Calandre du centre éducatif Tréméac. Deux méthodes d’investigation sont mises en place : entretiens individuels et observations de type ethnographique.
Santé, logement et mobilité représentent des freins à l’insertion socioprofessionnelle. Ces freins sont souvent levés par des actions éducatives, mais ces résultats ne sont pas pris en compte dans les évaluations. C’est ce constat qui a amené des acteurs de la formation à s’interroger sur les moyens d’évaluer autrement, c'est-à-dire qualitativement ce qu’ils constatent empiriquement auprès des jeunes.
Étudier les effets de la formation nécessite de clarifier les objectifs des dispositifs mais également les objectifs des jeunes. Les dispositifs sont évalués à travers les résultats obtenus en termes d’insertion dans l’emploi ou sur le marché de la formation qualifiante. Ainsi, le bilan d’une activité théâtrale sera retraduit par le formateur en expérience positive pour une meilleure présentation lors d’un futur entretien d’embauche.
Le suivi des jeunes a permis d’identifier une évolution de leur situation, et ceci même s’ils sortent sans avoir d’emploi, mais ils ont davantage de ressources pour espérer en trouver un. Par exemple, ils savent où candidater, où trouver des ressources pour faire leur CV. Ils sont plus familiers des codes des recruteurs, ont un réseau de professionnels plus étendu et sont plus mobiles. Le passage en formation peut aussi permettre un apaisement des relations familiales et une évolution du rapport du jeune à l’autre.
Cette recherche permet d'identifier de nombreuses évolutions au cours du passage en formation. Les résultats confirment les investigations sur le sujet qui mettent au jour des bénéfices périphériques qui sont importants dans le jeu de l'accès à l'emploi. Les dispositifs de formation offrent un filet de sécurité et développent un certain nombre de ressources et d'aptitudes. L’étude souligne en outre les travers des évaluations externes actuelles.
Carif-Oref des Pays de la Loire - 3 mars 2015
Pour aller plus loin
Lire l'étude du Céreq Centre associé régional de Nantes
