Lors du lancement de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, les parcours d’Anne-Laure, Dimitri ou Anne ont montré qu’avec des solutions adaptées et un accompagnement bienveillant, chacun peut trouver sa place dans le monde professionnel.
Chaque année, la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) invite à réfléchir et à agir collectivement pour une société plus juste. L’édition 2024 proposait d’explorer un thème fondamental : "Handicap et parcours professionnel : comment assurer une vraie égalité des chances ?"
En Pays de la Loire, le coup d’envoi a été donné le 18 novembre lors d’une matinée d’échanges organisée conjointement par Ladapt, l’Agefiph et le FIPHFP. Rassemblant employeurs, salariés et acteurs de l’insertion, plusieurs tables rondes ont mis en lumière la diversité des parcours, les défis à surmonter et les solutions concrètes pour faire avancer l’inclusion.
Le diagnostic d’une pathologie lourde a tout changé pour Anne-Laure. Après 20 ans dans le secteur du commerce, elle a dû faire face à un licenciement pour inaptitude. "Ça a été très compliqué à accepter", confie-t-elle. Grâce à l’aide de Cap emploi, elle a pu entamer les démarches de reconnaissance de son handicap et envisager une reconversion professionnelle.
Adeline, agent de la fonction publique dans le secteur de la petite enfance, a connu un parcours similaire. Déclarée inapte en raison de pathologies physiques, elle a bénéficié d’une Période de préparation au reclassement (PPR), pendant un an, qui lui a permis de faire un bilan de ses compétences et d’explorer de nouvelles voies compatibles avec son état de santé.
Mais déclarer son handicap reste un sujet sensible. "Je ne l’ai pas annoncé dès mon premier entretien, raconte Adeline. Par peur, mais aussi pour me prouver que j’étais capable de passer un entretien comme tout le monde." Cette peur partagée vient de la crainte d’être stigmatisé, d’être jugé moins performant en raison de son handicap.
S’épanouir professionnellement concerne aussi les personnes accueillies en Établissement et service d’accompagnement par le travail (Esat). Les parcours d’Anne et Dimitri en témoignent.
Dimitri, arrivé à Ladapt Mayenne en 2010, vit avec un handicap qui provoque des tremblements. Malgré cette difficulté, il a toujours rêvé de travailler dans un cadre ordinaire. Après un stage de deux semaines dans un élevage de chèvres Soignon, il a progressivement intégré l’entreprise avant de signer un CDI en 2022. "Un accomplissement !", se réjouit-il.
De son côté, Anne a entamé son parcours professionnel dans un Esat à Saint-Herblain. Passionnée par la restauration, elle a multiplié les stages pour valider son projet. Aujourd’hui, elle est salariée au restaurant Chromosome, à Nantes. "C’est mon rêve qui s’est réalisé", affirme-t-elle avec fierté.
Ces réussites doivent beaucoup à l’accompagnement des Esat et à l’engagement de leurs employeurs, qui ont su mettre en place des aménagements adaptés pour faciliter leur intégration.
L’intégration professionnelle des personnes handicapées repose souvent sur des ajustements simples mais essentiels. À Saumur, l’entreprise à but d’emploi Asure propose par exemple un temps de travail choisi, une option qui a permis à Christophe, 57 ans, de reprendre progressivement une activité après un grave accident de travail. "J’ai commencé avec 16 heures par semaine, puis j’ai augmenté à 24 heures une fois que je me suis senti prêt", explique-t-il.
Ces aménagements, qu’ils soient matériels ou organisationnels, sont rendus possibles grâce à l’appui de Cap emploi et de l’Agefiph, qui aident les employeurs à identifier et mettre en œuvre les solutions adaptées.
Le regard des autres reste le seul bémol. "Quand les collègues voient les aménagements dont je bénéficie, ils demandent pourquoi ils n’y ont pas droit. Je suis constamment obligée de me justifier", déplore Adeline. Pour Anne-Laure, ces malentendus sont lourds à porter, mais elle insiste : "On fait notre travail comme tout le monde."
Dans les Pays de la Loire, la SEEPH s’est traduite par de nombreuses initiatives portées par les acteurs du territoire. Par exemple, un salon des Esat était organisé par la MDPH en Loire-Atlantique, tandis qu’en Sarthe, un rallye "Mêmes chances pour tous" proposait des mises en situation pour sensibiliser au handicap au travail.
Le sujet de l’emploi et du handicap est porté en région par un ensemble de partenaires réunis depuis 2011 dans le cadre du Plan régional d’insertion des travailleurs handicapés (Prith). Preuve que l’égalité des chances n’est pas seulement un idéal mais un objectif atteignable, à condition que chacun y contribue.
Cariforef des Pays de la Loire, novembre 2024