Trois questions à André Martin



André Martin est vice-président au Conseil Régional des Pays de la Loire, président de la commission de la Jeunesse, emploi, formations, lycée et orientation, vice-président du Cariforef des Pays de la Loire et vice-président du Réseau des Carif-Oref. Le 14 décembre 2021, nous lui avons posé trois questions. La première sur les grandes orientations pour 2022 de la politique Emploi formation, orientation professionnelles (Efop) du Conseil régional. La seconde sur la revoyure du Pacte et la programmation pour 2022. La troisième porte sur la feuille de route du Réseau des Carif-Oref pour 2022.

Interview d'André Martin vice-président au Conseil Régional  des Pays de la Loire

  

  

Le Conseil régional a voté le 21 octobre dernier, cinq nouvelles mesures pour répondre aux métiers et recrutements en tension. Pouvez-vous nous préciser ces mesures et plus globalement nous présenter en quelques mots les grandes orientations pour 2022 de la politique Emploi formation, orientation professionnelles (Efop) du Conseil régional ? 
Nous pensons notamment aux cinq points suivants : 
Parcours emploi tutorat (PET), Action de formation en situation de travail (Afest), Village de l’emploi, plateforme emploi et valorisation des métiers, Primo’ job étudiants et actions de communication 

En effet, depuis la fin du mois d’octobre, le Conseil régional s’est lancé dans une mobilisation en faveur de l’emploi et notamment dans tous les secteurs en tension qui sont nombreux. Pour ce faire, nous avons adopté cinq mesures phares qui vont se déployer tout au long de l’année 2022. 

La première de ces mesures consistera en la mise en place d’un emploi tutorat, c’est-à-dire de permettre aux entreprises d’identifier un tuteur parmi leurs collaborateurs et de faire en sorte que ce tuteur encadre les nouveaux salariés recrutés en Contrat à durée indéterminée (CDI). 

La seconde mesure consistera à la mise en place des 18 bassins d’emploi dans la région des Pays de la Loire, d’un village pour l'emploi, afin de mobiliser tous les acteurs du territoire et favoriser les rencontres entre les demandeurs d’emploi, les salariés et les entreprises en mal de recrutement. 

La troisième mesure portera quant à elle, sur la mise en place d’une Primo’ job. Dans la mesure où des jeunes se mobilisent au-delà de leur engagement "étudiant lycéen" dans des entreprises à travers des emplois saisonniers, la Région va les récompenser à travers une Primo’ job de 200 euros. 

La quatrième mesure portera quant à elle sur la mise en place d’une plateforme régionale pour l’emploi. L’idée n’est pas de rajouter une plateforme aux plateformes existantes mais d’avoir un outil qui permette à tous ceux qui vont entrer en formation notamment dans le cadre de l’offre régionale de formation, de pouvoir très tôt, dans le cadre de leur formation, être en contact avec les futurs recruteurs. 

L’objectif pour la Région, c’est de réduire ce temps trop long encore entre la sortie de formation et l’entrée dans l’emploi. 

Une cinquième mesure sera plus générale et transversale puisqu’elle consistera en un plan de communication sur les métiers qui recrutent en région des Pays de la Loire, ces métiers dits "en tension". Il nous appartiendra, avec les branches professionnelles de faire savoir comment on peut rejoindre ces métiers, comment ces métiers peuvent recruter autrement et favoriser évidemment la résorption de ces problèmes de tension. 

   

Le 8 décembre, vous avez accueilli Madame Carine Seiler, haut-commissaire aux compétences pour la revoyure du Pacte. La programmation 2022, introduit-elle des axes nouveaux ? Des dispositifs sont-ils renforcés ? 

L’année 2022 va nous permettre de continuer et de poursuivre notre coopération avec l’État pour mobiliser nos moyens conjointement en s’adressant tout d’abord aux demandeurs d'emploi de longue durée. L’idée est que l’offre régionale de formation puisse permettre à ces personnes éloignées de l’emploi de pouvoir intégrer un parcours de formation, un parcours parfois préparatoire avec des actions de préparation, un parcours certifiant et si c’est nécessaire, un parcours d’accès à l’emploi. 

Donc, l’un des premiers axes de cette année 2022, ce sera vraiment de travailler sur ces publics. Le nombre de demandeurs d’emploi sur certains bassins est réduit et les demandeurs d’emploi qui restent sont vraiment éloignés de l’emploi. Il va donc falloir les accompagner en termes de formation mais également en termes de levée des freins. 

Le deuxième volet de ce Pacte régional d’investissement dans les compétences (Pric) que nous avons négocié avec l’État portera sur l’innovation pédagogique. Nous relancerons un appel à projet à innovation pédagogique pour que les organismes de formation puissent introduire de nouvelles méthodes et de nouveaux outils pour s’adresser à tous ces publics et notamment ceux qui sont le plus éloigné encore une fois de l’emploi. 

Pour terminer, l’année 2022 aura une nouveauté à laquelle nous tenons beaucoup, c'est sur le champ de la prescription. Nous souhaitons élargir le nombre de prescripteurs. Il y a bien évidemment les conseillers de Pôle emploi, les conseillers des Missions locales mais nous souhaitons également tendre la main à d’autres prescripteurs.  

Nous pensons notamment aux travailleurs sociaux de nos Départements qui vont pouvoir, dans le cadre de l’accompagnement des bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) ou des minima sociaux, accompagner ces publics vers une entrée en formation et pourquoi pas une entrée dans l’emploi. 

Plus il y aura de prescripteurs présents sur notre territoire, plus on a de chance d’offrir une formation à ces publics éloignés et donc peut-être, je l’espère, une perspective d’emploi. 

    

Secrétaire du Réseau des Carif-Oref (RCO) depuis mars 2020, vous êtes désormais vice-président depuis l’assemblée générale qui s’est tenue à Montpellier le 27 octobre dernier. Quelle est la feuille de route du RCO pour 2022 et comment en région, les Carif-Oref sont-ils inscrits dans cette feuille de route ? 

La feuille de route du RCO 2022 est une feuille de route qui fait écho au nouveau décret qui régit en quelque sorte l’activité des Carif-Oref et du RCO. Cette feuille doit respecter, à notre sens, les initiatives qui émanent du terrain et donc des Carif-Oref présents sur les territoires. 

Le travail du RCO c’est d’abord de coordonner ces initiatives régionales et locales portées par les Carif-Oref et donc parfois de favoriser l’essaimage des bonnes pratiques des uns et des autres. 

Le décret prévoit également que le Réseau des Carif-Oref remplisse une mission nationale. Il s’agit donc d’une commande de l’État. Dans ce sens, nous aurons à travailler sur un certain nombre d’outils que l'État a pu identifier.  

Ces outils permettront de faire un meilleur suivi du phénomène de l’apprentissage qui explose sur l’ensemble des régions et de tester une nouvelle approche de la Validation des acquis de l’expérience (VAE). Ils offriront la possibilité d’affiner l’observation en matière de compétences et de formation et permettront aussi de mieux recenser l’offre de formation disponible sur les territoires pour permettre évidemment au plus grand nombre de salariés, de jeunes en mal d’orientation d’avoir accès à ces informations. 

Le troisième axe de travail c’est un axe de communication. L’action des Carif-Oref  comme l’action du Réseau des Carif-Oref sont des actions trop peu connues du grand public et pourtant, elles s’adressent d’abord au grand public. 

En conclusion de l’assemblée générale du Cariforef des Pays de la Loire, je rappelais que nous sommes au service des populations qu'elles soient salariées, demandeurs d’emploi ou jeunes en formation. A cet effet, il faut absolument que nous améliorions la connaissance des outils, la connaissance de ce service bâti, construit par les équipes du Cariforef et de l’ensemble du Réseau des Carif-Oref. Donc, il s’agit là d’un vrai travail de communication à destination des publics cibles qui va devoir s’imposer au cours de l’année 2022. 

   

Cariforef des Pays de la Loire, janvier 2022