Raconte-moi ton parcours de peintre en bâtiment ?



Marina, peintre en bâtiment, est aujourd’hui chef d’entreprise au Landreau. Elle a créé la société M'touch couleur à Haute-Goulaine et évoque pour nous son parcours de formation, son histoire professionnelle et aborde avec humilité sa passion pour le métier de peintre en décoration. Rencontre d’une femme que rien n’arrête !

 

Marina, avez-vous toujours été dans le bâtiment ?

Non ! Après ma troisième, je me suis orientée vers une formation professionnelle intitulée à l’époque "Brevet d'études professionnelles (BEP) habillement". Ensuite, j’ai travaillé 15 ans dans la confection pour l’entreprise Jean Bourget aux côtés des stylistes et modélistes en bureau d’études. C’était en 1985.

J’ai eu 3 enfants et à cet effet, en 1998, j’ai pu bénéficier de deux congés parentaux pour les deux derniers.  Ces 5 années ont déclenché une remise en cause de mon parcours professionnel. J’avais envie d’autre chose mais quoi ?

Je ne me voyais pas reprendre à temps plein avec les 3 enfants dans un univers que je ne reconnaissais plus. Parallèlement à cette remise en cause, durant ces 5 années, j’ai réaménagé et décoré ma maison et je dois dire que ce fut un réel plaisir. En même temps, lorsque j’étais adolescente, j’aimais déjà décorer et retaper des meubles…J’avais aussi des idées et je les mettais en œuvre, bref j’aimais bricoler !

Je n’ai donc pas repris le travail dans l’habillement après les congés parentaux. C’est en échangeant avec une conseillère d’orientation à l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) que j’ai réalisé ce que je ne voulais plus et ce vers quoi je tendais tout naturellement. Dans la conversation, elle m’a présenté une plaquette d’information intitulée : "Découverte des métiers traditionnellement masculins ouverts aux femmes". Il s'agissait d’un stage de découverte des métiers du bâtiment à l’Afpa. Je me souviens bien de ce message, il me parlait beaucoup ! J’ai pensé : "ça, c’est pour moi, il faut que j’appelle l’Afpa et que je m’inscrive à ce stage !" Ce que j’ai fait sans tarder.

Dans ce stage de découverte des métiers, nous étions une quinzaine de femmes curieuses de tous ces métiers dits masculins et je dois dire que certaines d'entre elles avaient des parcours de vie difficiles. Je garde un souvenir ému de toutes ces femmes courageuses qui ne lâchaient rien.

 

Un métier difficile et pourtant épanouissant

Dans le cadre de la découverte des métiers du bâtiment, des stages étaient proposés pour nous faire découvrir les gestes professionnels mais aussi la réalité sur le terrain. Je percevais alors toutes les exigences de ce secteur d'activité, à savoir, accepter la contrainte d’un travail physique pratiqué dans des conditions parfois difficiles, savoir travailler consciencieusement dans la chaleur, le froid, la poussière, le bruit, pouvoir maintenir la position de travail en hauteur sur une échelle ou un échafaud tout en restant concentré sur sa tâche, porter des charges lourdes et avancer malgré tout. Je découvrais aussi la mauvaise réputation de ce métier tellement dénigré et dévalorisé là où moi je m’épanouissais parce passionnée et convaincue de sa valeur. 

Malgré tout cela, mon choix était fait ! Je voulais travailler dans le secteur de la peinture-décoration. Ce stage d’immersion n’a fait que confirmer mon choix. J’avais simplement besoin d’être guidée pour obtenir les coordonnées d’un établissement afin de mener à bien mon projet. A partir de là, tout s’est mis en place rapidement, entre la confirmation de mon orientation vers les métiers du bâtiment plus spécifiquement la peinture et toute l'organisation d’un changement de vie à mettre en place. Je reconnais aujourd’hui que le chemin ne s’est pas ouvert tout seul comme par enchantement, c’est moi qui ai mené ma barque et forcé le destin.

 

Après la formation, la patience est de rigueur !

J’ai donc enchaîné sur une formation qualifiante de peintre qui a duré 6 mois. Nous étions deux femmes sur une quinzaine de participants. En termes d’organisation, rien ne fût simple car à l’époque, mes enfants avaient 8, 6 et 3 ans. Je culpabilisais terriblement de mon manque de disponibilité pour eux. Je ne pouvais plus être à leurs côtés comme je l’avais été pendant 5 ans. Au bout de 6 mois, j’étais titulaire d’un certificat de suivi de formation.

Avant de franchir le cap de m’investir pleinement dans ce métier, il m’a fallu, pour des raisons toujours liées à la vie familiale et parce que rien ne se fait d’un simple claquement de doigts, suspendre momentanément mon projet et travailler dans la restauration durant 4 ans. Cette transition me permettait d’être disponible pour mes enfants matin et soir.

Après ces quatre années, j’étais prête enfin à reprendre mon projet en mains. J’étais en quelque sorte un peu plus dégagée des contraintes familiales. Je pouvais enfin me projeter dans ce qui me tenait à cœur depuis si longtemps.

 

Avoir les outils dans les mains

Partir de rien, sans réseau professionnel et sans carnet d’adresses, n’est pas une chose aisée. Il faut pouvoir créer sa propre activité et trouver sa clientèle. Dans ce cas, les rencontres sont parfois déterminantes. Me concernant, c’est une connaissance personnelle qui fut le déclencheur et qui m’a fait confiance pour mener mon premier vrai chantier. En me disant : "Si tu fais chez moi ce que tu fais chez toi, je te passe une commande pour travailler sur toute la décoration de notre maison."

À partir de là, j’étais tellement heureuse à la fois de cette confiance mais aussi du plaisir que j'éprouvais à être habillée en blanc (tenue de travail) sur le chantier que j’ai osé en parler autour de moi et que petit à petit, j’ai obtenu d’autres chantiers. Le bouche à oreille s’est mis en place tout doucement et ça dure depuis maintenant onze ans avec un réseau très élargi. 

Aujourd’hui, les gens m’appellent et c’est toujours de la part de quelqu’un chez qui j’ai travaillé. Je suis recommandée par un ancien client satisfait. Quoi de mieux en matière de publicité ?

 

Une activité en autonomie totale

Du fait du statut juridique de mon entreprise à savoir une Société à action simplifiée unipersonnelle (Sasu), je gère seule mon activité. Il s’agit d’honorer les rendez-vous des clients et être à l’écoute de leurs projets, réaliser les devis via l’informatique, anticiper, planifier les chantiers et commander les fournitures nécessaires, réaliser sur le terrain le chantier, qui est le plus gros travail (plafond, murs, sols, boiserie). Tout n’est pas terminé, il faut ensuite s’occuper de la facturation, la trésorerie, la comptabilité et tout l’administratif car je suis seule dans mon entreprise. Je n’ai d’ailleurs à ce jour pas de salarié et je n’ai pas l’intention de recruter.

 

Si vous deviez donner un conseil aux femmes intéressées par ce métier, que leur diriez-vous ?

Pour ce qui est de la découverte du métier, je leur dirais sans hésitation d’oser et de se lancer. Pour ce qui est des difficultés, je crois que dès lors qu’on est passionnée rien ne peut nous arrêter… en rigolant, je dis souvent : "ce n’est pas du sang qui coule dans mes veines, c’est de la peinture !"

 

Pour aller plus loin

 

 

Cariforef des Pays de la Loire, janvier 2022