20 ans après, vers un renouveau de la VAE ?



À l’occasion des vingt ans de la Validation des acquis par l’expérience (VAE), un point d’étape a été proposé le 8 novembre dans le cadre de notre offre de professionnalisation. Après l’intervention des principaux acteurs de la VAE dans la région, Olivier Gérard, chef de projet Reva a présenté les expérimentations Reva qui visent à simplifier, moderniser et sécuriser les parcours de la VAE, puis évoqué les évolutions législatives en cours.

 

Rebooster la VAE

Le 17 janvier 2002, la loi de modernisation sociale instaurait la Validation des acquis de l’expérience (VAE) pour permettre à toute personne engagée dans la vie active de valider les acquis obtenus de ses expériences, notamment professionnelles, par l’obtention d’un diplôme, d’un titre ou d’une certification.

La VAE devenait ainsi la troisième voie d’accès à la certification, après la formation initiale et la formation continue.

Aujourd’hui, après vingt ans de pratiques et d’évolutions, ce formidable tremplin reste trop peu connu et trop peu utilisé. Comment y remédier, comment moderniser et développer la VAE ? Voilà précisément la mission qui a été confiée par le Gouvernement à trois acteurs de la formation en décembre 2019.

Le rapport de Claire Khecha, Yanic Soubien et David Rivoire, officiellement remis en mars 2022, y répond par l’identification de nombreux freins (lourdeur administrative, hétérogénéité de l’accompagnement, difficulté de financement, multiplicité des acteurs…) et la formulation de propositions concrètes pour réformer le système actuel.

 

L’expérimentation Reva

Inspirée des conclusions du rapport, une première expérimentation a été lancée dès septembre 2021 : l’expérimentation Reva, pour "Reconnaître et Valider".

Olivier Gérard, chef de projet de Reva chez beta.gouv.fr, explique que le premier enjeu était de fluidifier le parcours en remettant l’usager au cœur du système. "Avec un taux d’abandon de 60 % avant même de démarrer, tout notre travail a été de réfléchir à la façon de simplifier les process pour l’usager."

Portant sur 150 demandeurs d’emploi (avec le statut de stagiaires de la formation professionnelle) dans le secteur du grand âge, l’expérimentation a été orientée autour de trois objectifs :

  • simplifier la recevabilité (sans Cerfa, ni preuve) ;
  • systématiser et renforcer l’accompagnement dès le début de la démarche (et non plus à partir de la rédaction du livret 2) grâce à des "architectes de parcours" ;
  • accélérer les jurys et la délivrance des résultats.

Le bilan ? Quatre mois après leur inscription, 86 % des participants ont obtenu une validation totale ou partielle de la certification visée. Le taux d’abandon a été divisé par trois.

Afin de confirmer ces résultats prometteurs, la trajectoire se poursuit avec l’expérimentation Reva 2 (juin 2022-juin 2023), qui intègre les filières du soin et de la petite enfance, jusqu’au niveau 6. "On ne fonde pas un nouveau modèle sur une durée de 4 mois et un échantillon de 150 personnes. Des pistes de travail restent à éprouver", commente Olivier Gérard.

 

Les principales mesures envisagées par la réforme de la VAE

Les éléments de la première expérimentation Reva ont permis d'accompagner la réflexion autour de la réforme parlementaire de la VAE et de dégager les grands principes d’un projet de loi, déposé début septembre à l’Assemblée.

Actuellement en discussion, le texte compte plusieurs mesures visant à simplifier l’accès à la VAE :

  • création d’un service public de la VAE qui portera une mission d’information, d’orientation et d’accompagnement, mise en œuvre dans le cadre d’un Groupement d’intérêt public ;
  • concentration des textes relatifs à la VAE dans le Code du travail ;
  • suppression de l’étape de recevabilité, transformée en étape de faisabilité ;
  • validation des acquis via les certifications partielles / les blocs de compétences ;
  • challenger l’organisation des jurys ;
  • éligibilité des aidants familiaux à la VAE ;
  • allongement du congé VAE pour les salariés ;
  • intégration de la VAE inversée à titre expérimental dans le cadre d’un Contrat de professionnalisation ;
  • instauration de la notion d’Architecte de parcours.

"Aujourd’hui, nous avons un entrelacs de textes sur la VAE dans le Code du travail et le Code de l’éducation. L’objectif sera d'avoir un nouveau corpus réglementaire simple, qui pose des fondements et qui sera évolutif par décret", explique Olivier Gérard.

En première lecture, l’article 4 consacré à la réforme de la VAE a fait consensus auprès des députés avec 200 voix pour et 5 voix contre.

"Si le projet de loi est adopté, toutes ces dispositions pourraient être mises en œuvre en avance de phase dans un certain nombre de filières au 1er juillet 2023" conclut Olivier Gérard.

À suivre !

 
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Cariforef des Pays de la Loire, novembre 2022

Références bibliographiques