Décrochage, zapping, renoncement : comment accompagner les publics aujourd’hui ?



Jeudi 4 février 2021 a eu lieu la webconférence d’Agnès Heidet, spécialiste des questions de transitions professionnelles et d’accompagnement des publics. Le témoignage de la Mission locale de l’agglomération mancelle a complété le propos de l’intervenante en apportant des exemples d’actions pour repérer et mobiliser les jeunes "invisibles". Retour sur quelques idées et conseils marquants.

décrochage, zapping, renoncement comment accompagner les publics ?
  
Modifier les habitudes de l’espace et du temps 

Aujourd’hui, les lieux, les modes de communication et les horaires dédiés aux bénéficiaires sont imposés. Ils sont également les mêmes pour tous, alors que les publics attendent de la personnalisation. Comment diversifier et articuler les espaces temps et lieux ? Nicolas Mansalier, chargé de projet de la Mission locale Mancelle explique que pour repérer des jeunes, un éducateur de rue (d’Inalta, leur partenaire) sillonne le territoire à différents horaires dans la journée en ciblant des lieux où des jeunes se réunissent, comme les skate parks. De même, le premier rendez-vous avec un futur bénéficiaire peut avoir lieu dans un parc, un bar (lorsqu’ils étaient ouverts !), ou tout autre lieu où l’interlocuteur se sent en confiance.  

   

Travailler sur l’engagement des publics 

L’intervenante explique que dans une période incertaine comme la nôtre, la fin ne précède pas toujours l’action : "C’est en faisant que je dessine vers quoi je vais aller". La motivation pour un projet viendrait avec l’action. Elle serait également liée à un bénéfice perçu de manière immédiate. C’est dans cette idée que la Mission locale du Mans propose des chantiers éducatifs aux jeunes. En petits groupes, ils réalisent des travaux comme des réaménagements de salles polyvalentes. Ces chantiers sont proposés avant même d’évoquer un projet professionnel. Ils trouvent également un bénéfice immédiat puisqu’ils sont rémunérés.   

         

Penser "scénarios" plutôt que "Projet pro" 

"Depuis quand avez-vous ce projet en tête ?" deviendrait une question à bannir ! Aucune étude ne prouve que l’ancienneté d’une idée soit gage de succès. Il faut sortir de l’idée que le passé d’un bénéficiaire est le socle de son projet à venir : tout est davantage dans l’instantanéité. La génération Z est dans une logique d’expérimentation : elle teste et apprend de ce qu’elle vient de vivre. Le rôle de l’accompagnant est alors davantage de réguler et de s’adapter plutôt que de construire. De déterminer des scénarios et des probabilités plutôt que de valider des projets.  

  

Ouvrir le champ des possibles 

Une partie de la population réalise ses choix en fonction de ce qui est faisable, et non de ce qu’elle souhaite. Il peut s’agir d’une filière d’étude choisie parce que les chances d’y être accepté sont grandes par exemple. Le rôle d’accompagnement est alors de développer la curiosité pour élargir les possibilités. Comment ? En utilisant des lieux d’expériences diversifiés, en provoquant des rencontres et en favorisant l’expérimentation. Nicolas Mansalier, chargé de projet à la Mission locale mancelle explique que dans le cadre de leur dispositif, ils organisent des activités de cuisine ou encore des ateliers de coiffure portés sur l’estime de soi. Ce type d’action permet de faire explorer des territoires inconnus. Ce sont des "fabriques d’opportunités".  

   

Adapter l’ingénierie de l’accompagnement 

Le processus pédagogique doit intégrer la co-construction des publics qui deviennent parties prenantes de leurs parcours. Par exemple, l’accompagnement peut donner les moyens au bénéficiaire de faire sa propre analyse de situation.         
Par ailleurs, dans notre vie de tous les jours, nos choix sont souvent guidés par des avis et commentaires d’utilisateurs de services. Dans l’accompagnement, il faut donc créer des espaces de partages entre pairs et créer les conditions de la recommandation. Le chargé de projet de la Mission locale mancelle l’indiquait : “les jeunes qui ont participé à une activité sont les meilleurs ambassadeurs !

    

Webinaire : Zapping, décrochage, renoncement : comment accompagner les publics aujourd’hui ? 

  

  

À noter : Le dispositif mis en place par la Mission locale de l’Agglomération mancelle s’intitule : "Ne reste pas dans l’ombre". Il est mis en œuvre jusqu’en septembre 2021 dans le cadre de l’appel à projet : "Repérer et mobiliser les invisibles", financé par le Plan d’investissement dans les compétences (Pic). De nombreuses Missions locales mettent en œuvre des actions semblables dans le cadre de cet appel à projet.  

   

Cariforef des Pays de la Loire, février 2021