#3 Comment j’ai réussi à motiver mes équipes à se former avec le digital ?



C’est à partir de cette question que le pôle "Pédagogie et digital" du Cnam a présenté une démarche d’accompagnement d’entreprises à la digitalisation de leurs formations. Les participants à cette matinée ont également pu découvrir des applications numériques collaboratives simples.

    

Pour ne pas être en décalage avec la société d’aujourd’hui, pour se renouveler mais aussi pour améliorer leur "marque employeur", les entreprises doivent de plus en plus envisager la formation de leurs collaborateurs sous le prisme du numérique.

Mais la digitalisation améliore-t-elle la motivation à se former ? Suffit-il d’une plateforme de formation numérique ou d’une application sur un smartphone pour rendre une formation plus attractive ?

Pour aider les entreprises à adapter leur politique de formation, le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) de Nantes a développé une offre d’accompagnement. François Calvez, directeur du pôle pédagogie et digital et animateur de cette matinée du 20 septembre, en a exposé les éléments constitutifs.

   

Repositionner la question du digital dans la société d’aujourd’hui

Les usages du numérique touchent principalement la sphère privée et la sphère professionnelle.

Dans la première, ces usages engendrent une société de l’instantanéité, de la réactivité et de l’autonomie ainsi qu’un fonctionnement en réseaux avec des savoirs co-construits, partagés et facilement accessibles.

Cette société impacte le monde de l’entreprise, dans laquelle les usages numériques sont ceux du management participatif, de l’agilité et du co-working. Apparaissent alors "l’entreprise libérée" et les start-up, les réseaux sociaux d’entreprises et la mise à disposition de données numériques ouvertes, autrement appelées "big data".

  

Anticiper les réactions des collaborateurs

Trois types de réactions sont possibles à l’annonce de ces nouvelles modalités d’apprentissage :

  •  "Super ! j’ai hâte qu’on y aille !" La digitalisation est alors vue comme un outil magique qui va solutionner tous les maux de la formation.
  •  "Ce n’est pas pour moi…" Le digital est un autre monde, inaccessible.
  •  "Mince, ils remettent ça…" Face à une première expérience ratée, le scepticisme pointe…

   

Éviter les pièges de mise en œuvre

Un certain schéma de digitalisation de la formation se retrouve dans les entreprises. Il s’agit de s’équiper d’emblée d’une plateforme numérique de formation. Puis d’acheter des contenus "sur étagères", le plus souvent transverses (langues, management…). Enfin, de mettre la plateforme à disposition des collaborateurs en les enjoignant à l’utiliser quand ils le voudront ou, plutôt, quand ils le pourront…

Une pratique d’autoformation qui ne fonctionne pas car il s’agit d’une injonction à se motiver à se former.

    

Poser les conditions de la motivation à se former avec le digital

Avant tout, la digitalisation doit être portée par la direction, qui trouve là une occasion de questionner "l’entreprise apprenante" :

  • Pourquoi se former ? Pour des raisons réglementaires ? Stratégiques ?
  • Dans quelles conditions pratiques la formation va-t-elle se dérouler ?
  • Combien de temps cela va-t-il prendre ? Comment s’organiser au sein des services ?
  • Quels bénéfices pour l’entreprise ?
  • La formation nécessite-t-elle d’être accompagnée par des experts ?
  • Et, condition intrinsèque de la motivation : quel sentiment d’efficacité personnelle va en retirer le collaborateur ?

   

Repenser la formation grâce à la digitalisation

La volonté de l’entreprise de digitaliser la formation peut être l’occasion de (re)penser "l’entreprise apprenante".
Il faut également garder à l’esprit que la condition de la motivation à l’entrée en formation est en amont de toute démarche de formation, que celle-ci soit digitalisée ou pas.
Surtout, la politique de formation et sa mise en œuvre s’inscrivent dans un projet et une culture d’entreprise qui nécessitent un réel management de la démarche de formation.

    

Cette matinée aura également été l’occasion de découvrir cinq applications numériques collaboratives :

Beekast, une plateforme interactive intégrant un espace d’échange pour encourager la prise de parole, et des activités pour générer des idées, évaluer et faciliter la prise de décision.
Thinglink, un éditeur permettant de taguer des images, des vidéos et des médias 360° avec un accès rapide à des informations supplémentaires, des fichiers audios, des fichiers vidéos, des contenus intégrés et des liens Web.
Edpuzzle, un logiciel en ligne grâce auquel il est possible d’insérer dans une vidéo des commentaires et de poser des questions sous forme de quizz dans une vidéo.
VideoAnt, un outil qui permet d’ajouter des annotations ou des commentaires à une vidéo puis de la partager.
Padlet, une application collaborative et de partage de documents qui, sous forme d’un "mur de création" donne la possibilité de venir "épingler" des contenus (textes, PDF, fichiers, vidéos, images, sons).

         

Cariforef des Pays de la Loire, septembre 2019

Références bibliographiques

Digitalisation de la formation professionnelle ou fuite en avant techniciste ?
P. Santelmann. - Éducation permanente n° 219 (juin 2019)

Les technologies numériques, une innovation pédagogique ?
E. Betton, J. Pondaven. - Éducation permanente n° 219 (juin 2019) 

L'organisation apprenante renouvelée par le digital
S. Enlart. - Éducation permanente n° 216 (septembre 2018)